Nella Larsen

Clair-Obscur Chicago, 1927. Deux amies d’enfance, longtemps éloignées, se retrouvent un jour de canicule. Tout les oppose, hormis le fait d’être Noires et suffisamment claires de peau pour pouvoir « passer » pour Blanches. Entre Claire, la femme fatale, et Irène, la respectable mère de famille, une relation passionnée se noue, déployant tout le spectre de l’amitié, de l’amour et de la haine. Claire, mariée à un Blanc raciste qui ignore qu’elle est Noire, souhaite renouer avec les siens. Irène, qui revendique au contraire son appartenance à la « race », l’aide à se rapprocher d’une communauté dont elle s’est tenue à l’écart des années durant. Claire s’immisce ainsi jusqu’au coeur de la vie réglée d’Irène, auprès de son mari Brian… C’est vers la mort que mène ce superbe drame de l’identité et du désir. Âpre comme le blues, élégant comme une variation de jazz, Clair-Obscur, classique des lettres américaines, est pour la première fois traduit en français.

J’ai découvert cet ouvrage suite à mes recherches sur le Passing après la lecture de Belle Greene cette annéee curieuse d’en savoir plus et désireuse de comprendre ce phénomène.

A la différence de l’ouvrage précédent , l’autrice met en parallèle deux destins différents au travers de ces deux personnages dans cet Amérique ségrégationniste des années 20.

« C’était incroyable, songeait Irène, stupéfiant, que quatre personnes puissent rester si placides, si ostensiblement amicales alors qu’elles bouillaient en réalité de colère, d’humiliation, de honte. »

Mon avis :

Ce roman a été publié en 1929 aux Etats-Unis il s’agit d’une oeuvre magistrale de la littérature afro-américaine.
Nella Larsen est métisse , son père est noir et sa mère est blanche lorsque ses parents se séparent elle vit une enfance difficile .

Lorsque sa mère se marie avec un homme blanc et qu’elle a une soeur les relations sont compliquées et Nella Larsen ne se sent pas acceptée au sein de cette famille, elle regagne néanmoins l »université et devient une figure importante d’Harlem.

En effet, à cette époque Harlem est un quartier où il règne une certaine effusion , où réside une population noire cultivée et déterminée à faire valoir ses droits.

Le Passing est un phénomène propre aux Etats-Unis , c’est le fait de se faire passer pour blanc lorsque en raison de sa blancheur le trompe oeil fonctionne.L’autrice elle-même avouera qu’elle voulait essayer le Passing mais elle a été jugée trop noire pour y prétendre.


Lorsque la personne noire « est passée » elle peut alors vivre comme un blanc, avoir ainsi les memes privilèges et opportunités que lui.

Passée Blanche : Expression venant du patois créole de Louisiane désignant quiconque d’ascendance africaine passant pour une personne de race blanche, en raison de sa clarté de peau et de caractéristiques physiques négroïdes peu marquées. Terme apparu au XIXe siècle et utilisé jusqu’à la période de la Ségrégation Raciale.

A l’instar de Claire beaucoup d’afro américains ont épousé un homme blanc.

Mais attention le Passing est punie par la loi et si l’on le découvre cela peut etre lourd de conséquence.

Il peut être découvert par reconnaissance d’un membre de sa famille par exemple c’est pour cela que très souvent les personnes noires qui « passent » changent de lieu de résidence ou découvert à la naissance d’un enfant en raison de la couleur de sa peau plus basané que prévu .

Les protagonistes de ce roman sont noires même si elles peuvent passer pour blanches.


D’abord Irène , qui a une vie stable avec son mari Brian et ses deux fils elle appartient à la petite bourgeoisie de Chicago et à su se faire une place.
A contrario , Claire est « passée » elle est décrite comme une femme belle, intelligente et déterminée, elle vit dans l’aisance son mari est blanc et profondément raciste de leur union est née une fille qui heureusement pour sa mère est blanche.

Cependant, les apparences sont trompeuses et lors d’un voyage à Chicago les deux femmes se rencontrent , Claire reconnait tout de suite Irène mais pour Irène ce n’est pas le cas car Claire a coupé les ponts avec les amies de son enfance.

Irene est troublée par la beauté et l’aisance de Claire elle est tout son contraire , mais comment peut-elle vivre en paix ? Elle agit en toute impunité.

Elle ne désire plus la revoir et cherche à l’éviter mais peu à peu Claire s’immisce dans la vie de famille d’Irène et dans sa vie du couple .
A mesure que Claire est présente au sein du foyer, la jalousie d’Irène augmente car elle a remarqué que son mari hostile au départ à cette amitié désormais ne semble pas insensible à son charme.

Claire se révèle être une femme manipulatrice et Irène l’entrevoit ainsi elle souhaite désormais les pires choses à son encontre.

« L’ennui avec elle, c’était non seulement qu’elle voulût le beurre et l’argent du beurre, mais qu’elle piochât aussi dans le beurre des autres. »

Jusqu’au jour où le drame survient et que tout se termine mal , assurément la vie des protagonistes ne sera plus jamais la même …

Au travers de ce roman Nella Larsen a finement travaillé la psychologie des personnages en effet, chacune de ses femmes représentent la situation des noirs dans les années 20.


Infraction pour l’une ou aberration pour l’autre elle a su montrer néanmoins à travers leur amie Gertrude que cette vie avec un homme blanc était possible.
En effet, Gertrude a épousé son mari de façon légale , il connait ses origines et son histoire il sait que sa femme est passée et l’a accepté.

En outre, l’autrice permet au lecteur au travers de cette lecture la relation d’amour et de haine qui réside entre ces deux femmes , il réside aussi une certaine sensualité et de désir dans ce roman de part le caractère flamboyant de Claire qui fait écho à la froideur apparente d’Irène.

Je suis contente d’avoir pu découvrir cet ouvrage qui est remarquablement écrit il montre les difficultés que rencontrent les personnes noires dans l’Amérique ségrégationniste , la racisme ambiant à travers Jack le mari de Claire par manque de connaissance.

De même c’est aussi une histoire d’amitié, une histoire de jalousie mais aussi une histoire de détermination pour s’en sortir pour avoir une vie meilleure à travers le personnage de Claire.

Comment la juger ? Que penser de son fait ? L’appréciation est laissée à Irène en tant que personnage principale et en tant que narratrice mais le lecteur doit lui aussi pouvoir se faire une appréciation qui lui est propre.

Car l’histoire a montré qu’encore aujourd’hui aux Etats-Unis les choses n’ont pas véritablement changé a l’instar de tous les drames qui se déroulent.
Assurément je continuerai a lire des livres sur ce phénomène que représente le Passing afin d’avoir différents point de vues car en faisant des recherches j’ai aussi trouvé que celui-ci ne concernait pas seulement les noirs désirant « passer » des européens également « passaient »chez des indiens.

Cette lecture frôle le coup de coeur mais je suis restée sur ma faim concernant le dénouement mais que je comprends aisément la réflexion de l’autrice.



Ma note :

4/5