Kate Chopin

Editions Liana Levy

Née en 1850, Kate Chopin est autrice féministe américaine du XXe siècle, sont écriture est aussi talentueuse que celle d’ Edith Wharton, Sylvia Plath ou Harriet Beecher Stowe.

Je ne la connaissais pas mais les critiques la comparant souvent à Edith Wharton ont attisé ma curiosité.

Ce roman est une critique de la société puritaine américaine , en l’espèce Edna Pontellier a un comportement jugé immoral qui choquer la société créole de la Louisiane de la fin du XIXe siècle.

En effet , sont présents comme chaque année au sein de la pension de Madame Lebrun à Grand-Isle lors des vacances estivales de bord de mer la bonne société de la Nouvelle Orléans .
Ainsi on y retrouve le riche courtier Monsieur Pontellier, sa femme la ravissante Edna et leurs deux jeunes fils , ils y passent plusieurs semaines.

Edna apparait comme une épouse dévouée , au fil des pages on se rend compte qu’elle se lasse de sa vie , elle s’ennuie , le quotidien lui semble morose et terne.
C’est une jeune femme soumise , obéissante et passive alors lorsqu’elle fait la connaissance d’un jeune homme, Robert Lebrun, de façon assez naturelle elle se laisse séduire, c’est une relation très chaste mais la jeune femme va littéralement « s’éveiller ».
Elle se rend compte qu’elle ne supporte plus son existence de femme rangée et de mère amante…

« Le passé n’était rien pour elle ; il ne lui offrait aucune leçon qu’elle fut prête à suivre. L’avenir était un mystère qu’elle n’essayait jamais de percer. Seul le présent avait du sens ; il lui appartenait, pour la torturer comme il le faisait à cet instant de la certitude cruelle qu’elle avait perdu ce qu’elle possédait et qu’on l’avait privée de tout ce qu’exigeait son être passionné, qui venait de s’éveiller. »

Mon avis :

« Il lui semblait qu’un voile s’était levé de ses yeux et lui permettait de voir et de comprendre la signification de la vie, ce monstre fait de beauté et de brutalité. »

C’est un roman qui m’a plu car il m’a fait penser à Madame Bovary ou encore à Effi Briest , c’est une Bovary créole.

L’éveil d’Edna est mis en lumière dans la scène où elle apprend à nager c’est la métaphore de sa libération , elle désire se libérer de cette vie étouffante.

L’éveil représente l’éveil à une nouvelle vie, l’éveil à la sensualité , l’éveil au corps et au sens.

Mais cela des conséquences sur la vie conjugale de l’héroïne car elle cherche à sortir de cette prison dorée, contrairement à son amie Adèle Ratignolle, la femme du pharmacien qui se complait dans cette vie d’épouse parfaite elle aspire à l’indépendance et veut affirmer sa liberté. 

De même , elle ne parvient pas à se consacrer pleinement à ses enfants , on a l’impression qu’elle les oublie .

Mais l’absence soudaine de Robert , qui part pour le Mexique est brutale, elle se rend compte qu’elle est amoureuse de ce jeune homme qui lui faisait se sentir vivante et surtout femme.

De retour à la Nouvelle-Orléans, elle refuse les invitations mondaines,  elle sort seule et décide de devenir artiste peintre.

Elle change sa façon de s’habiller et porte des couleurs désormais , alors qu’au début l’autrice nous indiquait qu’elle ne se parait que de blanc , Kate Chopin veut nous monter semble-t-il son changement psychologique .

 Elle décide meme de louer une petite maison indépendante afin de profiter de sa vie , en flirtant avec Alcée Arobin rencontré à une course de cheval , elle lui cèdera et regrettera par la suite .

L’autrice à travers cette rencontre avec cette homme a voulu montrer que le désespoir nous pousse à commettre des actes lourds de conséquences.
Quelques jours plus tard Edna croise par hasard Robert de retour du Mexique, elle ne savait pas qu’il était rentré car il ne lui a jamais écrit , ils s’avouent leur amour mais Robert décide de la fuir par respect pour son mari et ses enfants…

J’ai aimé ma lecture, mais ce ne fut pas un coup de coeur, ce roman n’égale en rien Madame Bovary ou même les ouvrages d’Edith Wharton.
Néanmoins, la lecture d’un roman se déroulant dans le sud des États-Unis m’a énormément plu , on découvre les créoles qui ont un héritage français , des habitudes et des comportements bien à eux.

On sent que les pages de L’Éveil ont été écrites dans la chaleur étouffante de l’Amérique Sudiste, sous les ombrelles de coton et dans le balancement des palmes vertes et des hamacs. Le rythme , la musicalité permettent de recréer ce style créolisant .

De même que les descriptions, des paysages , des ombrelles , des évantails , de la sueur nous plonge dans cette atmosphère qui réchauffe les corps mais aussi les esprits.

Mais publié en 1899, il est certain que ce roman a choqué ses contemporains , car Kate Chopin aborde la question de l’émancipation féminine . En effet, elles étaient condamnées à subir une vie imposée de mère et d’épouse dépourvu d’épanouissement personnel.
Roman dans l’ère du temps il n’est pas suranné car aujourd’hui encore les femmes se battent pour faire valoir leurs droits .

« De très bonne heure elle avait appréhendé instinctivement la dualité de la vie : la vie extérieure où l’on s’adapte, la vie intérieure où l’on s’interroge. »

Ma note :

❤️❤️❤️,❤️

3,5 / 5

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