Cho Nam – Joo

Editions 10/18

Kim Jiyoung est une femme ordinaire , son prénom prénom est le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance.
Sa vie est assez simple, elle vit à Séoul avec son mari et leur petite fille.
Après ses études elle effectue un un travail qu’elle aime assez.
Mais un choix s’impose quand elle tombe enceinte , doit-elle quitter son travail pour élever son enfant ?

Après sa grossesse son mari ne la reconnaît plus , son comportement change , elle commence à parler avec la voix d’autres femmes.

Extraits :

Sa mère est allée toute seule à la clinique et a fait « effacer » la petite sœur de Kim Jiyoung. Ce n’était pas son choix, mais c’était sa responsabilité.

Quand on servait un bol de riz bien chaud, tout juste cuit, l’ordre normal de distribution était d’abord le père, puis le petit frère et la grand-mère. Il était normal que le petit frère mangeât des morceaux de tofu frit, des raviolis et des galettes de viande, tandis que Kim Jiyoung et sa sœur se contenteraient des morceaux effrités ou de miettes.

D’ailleurs s’il avait confié à Kang Hyesu et à Kim Jiyoung des clients difficiles, ce n’était pas parce qu’il leur faisait confiance, mais parce qu’il ne fallait pas user les employés hommes, réputés pérennes, avec des tâches épuisantes.

Mon avis:

Je ne suis pas familière de la littérature coréenne mais comme ce roman me fait de l’oeil depuis sa sortie je me suis enfin décidée à le lire.
Ce roman est en six parties , celles-ci correspondent aux périodes de la vie de la protagoniste.

Un jour alors que son époux rentre de plus en plus tard et qu’elle est prise dans son train-train quotidien elle se met à parler avec la voix d’autres femmes.
Au fil de la lecture l’on se rend compte que l’autrice dresse un portrait de la condition de la femme coréenne.
On y apprend au travers de la vie du personnage de part les flashbacks , que celle-ci est enfermée dans une société traditionnelle et patriarcale.
L’héroïne apparait comme une figure du féminisme.

En outre , on y apprend que les filles sont dépréciées et ce dans la sphére intra-familiale dès la naissance.
Le fils est privilégié et le meurtre ou l’avortement des filles en monnaie courante.

A l’adolescence l’avenir se prépare, mais les parents sont prêts à investir dans les études des garçons a contrario des études des filles.

A l’université à l’aube de l’entrée dans la vie active , le choix du métier s’avère difficile car les opportunités d’embauche sont rares pour les femmes. Lors des entretiens les places sont si rares pour les femmes qu’elles sont prêtes à tout pour l’obtenir.

Quand l’heure de fonder une famille s’annonce pour les hommes ceux-ci ne seront pas impactés par la naissance;

Mais pour la femme le choix peut s’avérer cornélien qui doit très souvent abandonner ses ambitions , ses rêves pour élever son enfant.
Elle est tiraillée entre l’envie de travailler et l’envie d’élever sa progéniture.

Les hommes quoi qu’ils en soient sont privilégiés dans la sphère familiale et dans la sphère professionnelle.

J’ai apprécié ma lecture , même si ce n’est pas un coup de coeur .
En effet , la façon dont Cho Nam-Joo a construit son roman nous permet de nous plonger dans la société coréenne.
Ainsi le récit est emprunt de réalisme et le ton est acerbe.
Ainsi , le chemin à parcourir pour que les hommes et les femmes dans des sociétés patriarcales est long car le régime patriarcal qui été aboli en Corée montre que le statut de la femme n’a guère changé .

Ma note :

❤️❤️❤️

3/5