Ketty Rouf

Roman français – Editions Albin Michel

Joséphine est professeure de philisophie dans un lycée d’Ile de France précisément à Drancy.
Son quotidien semble assez morne , car c’est une répétition de choses , elle a l’impression de ne pas exister et elle doit doit conjuguer ses nombreux ressentis avec des élèves difficiles …
Elle attend donc avec impatience sa mutation vers un autre établissement .


Alors , un jour afin de sortir de cette vie monochrome , elle s’inscrit à des cours d’effeuillage , peu à peu cela lui plait et elle attend le vendredi soir comme une bouffée d’oxygène dans ce train-train morose…
Alors , cette vie maussade va disparaître et laisser place à des découvertes inattendues quand une autre partie d’elle-même entre en scène et qu’elle devient Rose Lee …

Extraits :

1 –

J’ouvre la porte . Ils traînent leurs carcasses encombrées de sacs à dos jusqu’au bancs. Certains se vautrent bruyamment à leurs place , d’autres se balancent déjà sur des chaises qui risquent de craquer, le regard sondant le vide. Je me tais , pensant aux consignes : ne pas demander aux élèves de se tenir droits pour ne pas troubler leur concentration . Dixit l’inspecteur.

2-

Au réveil , j’ai besoin de me rappeler qui je suis et de dresser dans le désordre ma to-do-list : porter des vêtements amples et insignifiants , surtout pas griffés , surtout pas à la mode , cheveux noués , peu ou pas de maquillage .
Donner l’impression d’être tout juste sortie du lit , sourire mesuré , regard neutre , éteint si possible . Bref endosser le rôle de ma fonction pour passer inaperçue .

3-

Copies notées , rangées dans la chemise bleue avec mes notes pour le prochain cours , deux heures pour parler de la responsabilité . Sur mon bureau , Platon et Kant dépecés. Le prêt-à-penser des morceaux choisis est l’image ultime que l’arrivée au club dissipe inexorablement . La nuit s’est déjà installée au Dreams , ça a commencé sans moi. Rien qu’une poignée d’heures et j’en finirai avec elle. Ma fièvre monte , marche après marche . Mon impatience aussi. Que reste-t-il à vivre? Je me sens exister de cette vitalité éhontée et furieuse qu’on éprouve face à une destinée qu’on a
soi- meme provoquée , assumée . Abandonnée, enfin. C’était ça , la problématique : dans quelle mesure sommes-nous dans ce que nous causons? Au bout de la question , l’irréelle destination de ma course , les loges et le casier de Rose lee. Je viens de croiser Rebecca dans les escaliers. Elle n’est donc pas partie. Ici , on se cogne à la dureté d’être soi- même source de courage.

Mon avis :

J’ai découvert ce roman en flânant en librairie, c’est une lecture assez différente de celle que je fais d’habitude mais j’ai décidé de me laisser tenter par ce récit contemporain et je vais dire que j’ai apprécié ma lecture…

En effet , on pourrait se dire que c’est une ultime histoire d’effeuillage mais ce n’est pas le cas!
Ketty Rouf dépeint dans ce premier roman la psychologie de la narratrice , elle met en relief son quotidien terne , sans couleur , le fait de vivre sans avoir l’impression de s’appartenir mais de n’appartenir qu’au corps auquel elle appartient en l’occurrence en l’espèce l’Education nationale qui lui ôte le sentiment d’exister.

Ses seuls moments d’évasion au début du roman sont la prise de Xanax et la littérature passion qu’elle partage avec un de ses collègues …

Mais elle a besoin de s’ouvrir davantage de se sentir renaître c’est la raison pour laquelle elle s’inscrit à un cours d’effeuillage qu’elle considère comme un jeu au début , mais qui va finir par devenir vitale un équilibre par la suite.

En effet , on à l’impression que son métier d’enseignante et celui de stripteaseuse est différent mais il lui assure sa survie car elle se réapproprie son corps , elle reprend confiance en elle , ce qui semble être positif .
Ainsi , Joséphine attend avec impatience de se rendre dans ce Cabaret alors qu’au sein de son établissement la fronde commence , les tensions apparaissent elle rattache à cette double vie comme une bouée.


Enfin , j’ai apprécié cette lecture car l’auteur a voulu monter me semble-t-il que l’enfer se trouve partout .
Il est d’une part , au sein de cet établissement scolaire où les enseignants souffrent , sont à bout de force et doivent à tout prix délivrer des cours à des élèves pas toujours respectueux avec une hiérarchie pas toujours consciente ou encore en décalage entre la théorie et la pratique .
Mais aussi au sein du monde la nuit car au-delà de l’image de ces femmes fortes , libres , conscientes du pouvoir exercé sur les hommes la mort n’est jamais très loin.

Ma note :

❤️❤️❤️❤️

4/5