Dany Laferrière

Edition Grasset

Dany Laferrière est auteur que je connais depuis des années mais que je n’avais jamais lu alors que je possède dans ma bibliothèque l’Enigme du retour prix Medicis 2009.

Alors quand j’ai su que l’académicien canado-haïtien avait publié Petit traité du racisme en Amérique j’ai décidé de me laisser tenter, il y propose une immersion dans la société états-unienne d’hier et d’aujourd’hui au travers de poèmes, d’analyses et d’anecdotes diverses.

Dans ce livre, le premier qu’il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore et hante les Etats-Unis, on apprend en l’espèce que Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d’habitants au total plus que la population entière du Canada, 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés, 43 millions qui subissent encore souvent le racisme.

Dès lors par petites touches Dany Laferrière détaille la bête qu’est le racisme, sans jamais en faire une affaire personnelle, sans jugement cette bête qui est abordée la plupart du temps, dans les médias par exemple, par des journalistes blancs doit être connu et dénoncé par tous.

Ainsi il met en lumière les grandes figues qui ont marqué et se sont battus pour la condition des noirs à l’instar de Maya Angelou, Toni Morrison, Cheikh Anta Diop bien d’autres.

Il fait aussi le lien entre littérature et esclavage avec des récits qui ont marqué des générations comme Autant en emporte le vent de Margarett Mitchell et la Case de l’oncle Tom de Harriet Beecher Stowe.

Quand une femme dit “non”, vous devez arrêter. Quand un Noir dit “j’étouffe”, vous devez arrêter aussi


Mais au-delà de ce contexte de haine en évoquant le sud raciste des Etas-unis gangrené par les lynchages à répétition du Ku Klux Klan et le rêve de paix de Martin Luther King, il évoque la magnifique amitié entre William Styron et James Baldwin et l’influence de celui-ci quant à la création de l’oeuvre de Styron Les confessions de Nat Turner.

En outre il évoque le mot nègre qui simplement formé de cinq lettres mais qui peut créer un malaise, c’est difficile d’avoir un avis général sur l’emploi acceptable ou sur l’emploi tout court du mot nègre mais Aimé Césaire l’a rendu noble avec le terme négritude.

A contrario le mot nigger n’a qu’une portée racisme, alors que le mot nègre dépend de celui qui l’emploie, du contexte dans lequel il est employé et de l’usage qu’on en fait.

En définitive je peux dire que ce petit traité n’est petit que par le titre, il n’a pas à être jugé par sa taille car c’est d’une part une réflexion embellie par une plume magnifique et d’autre part c’est un panthéon peuplé de grands hommes et de grandes femmes avec en bande-son la voix déchirante de Bessie Smith.

Le mot rage est juste car si on dit
qu’on a une migraine pour un mal de tête
ou simplement mal au ventre
on hurle sa rage de dents
car la douleur vient de monter d’un cran
et provoque une fureur aveugle qui
pousse à mettre le feu dans
son propre quartier

Ma note :

❤️❤️❤️❤️❤️

5/5