Annie Ernaux

Edition Folio plus classiques du XX ème siècle , mars 2006

Annie Ernaux est une autrice dont j’avais longuement entendu parler avec des critiques plus ou moins bonnes ou mauvaises je voulais donc me faire un avis.

L’histoire commence par la réussite d’Annie Ernaux au Capès .
Néanmoins deux mois plus tard son père décède ; dès lors aux premières pages l’auteur nous annonce son style littéraire comme elle va structurer son roman et quel sera le sujet principal .


Je rassemblerai les paroles , les gestes , les goûts de mon père , les faits marquants de sa vie , tous les signes objectifs d’une existence que j’ai aussi partagée.
Aucune poésie du souvenir , pas de dérision jubilante . L’écriture plate me vient naturellement , celle-là même que j’utilisais n écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles .

Avec toutes ces données , le courant littéraire qui semble se dessiner pour décrire ce roman est l’autobiographie , la question est donc celle de savoir si il s’agit d’une autobiographie à proprement parlé , si la réponse est négative qu’est-ce que l’auteur nous apporte de plus ?

Afin de répondre à cette question trois arguments tendent à etre envisagés.

En premier lieu , on peut dire que la place est véritablement un roman social.
En effet , Annie Ernaux met en évidence les différences au sein des deux milieux c’est à dire le milieu mi prolétaire , mi paysan et le milieu bourgeois.
C’est en ce sens que la place traduit le milieu bourgeois , l’ascension sociale.
Ce terme peut être entendu comme la position dans la hiérarchie sociale .
Annie Ernaux en fait d’ailleurs beaucoup référence tout au long du récit notamment lorsqu’elle parle de son père.


il cherchait à tenir sa place, tenir sa place .

La peur d’être déplacé , d’avoir honte. Un jour , il est monté par erreur en première avec un billet de seconde. Le contrôleur lui a fait payer le supplément . Autre souvenir de honte : chez le notaire , il a dû écrire le premier  » lu et approuvé » , il ne savait pas comment orthographier , il a chois  » à approuver  » . Gêne , obsession de cette faute , sur la route du retour. L’ombre de l’indignité .

De plus , quand la narratrice parle de ses épreuves pratiques du Capès qu’elle a validé , de la solennité de l’instant , malgré le fait qu’elle a réussit ces épreuves , elle ne se sent pas légitime .
Elle a l’impression de ne pas avoir trouvé sa place au sein de cette élite enseignante , elle ressent la « honte » de ne pas appartenir à ce milieu social.

Puis , tout au long du roman Annie Ernaux dresse le portrait de son père , de ses goûts de ses plaisirs , de sa façon de parler.
De même , de part son écriture plate , l’auteur ne cherche pas à embellir la réalité car elle veut demeurer fidèle au monde , à son vécu en cherchant les mots justes , les temps justes et une ponctuation juste ce qui met en relief que son père s’est toujours quant à lui trouvé à sa place.

En second lieu , on va se demander précisément si la place d’Annie Ernaux est une autobiographie ?
En effet , à première vue c’est l’impression que nous donne ce livre, car écrire une autobiographie c’est , se servir de son « moi » , de son vécu comme moteur d’écriture.
C’est le récit rétrospectif en prose que quelqu’un fait de sa propre existence, quand il met l’accent principal sur sa vie individuelle , en particulier sur l’histoire de sa personnalité . (selon Philippe Lejeune).
Ainsi , ce récit semble s’y prêté néanmoins la place n’est pas réellement une autobiographie car la construction n’est pas autour de la narratrice mais autour de la figure paternelle .

Ainsi , l’autrice crée un nouveau genre l’auto – socio – biographie.
Annie Ernaux utilise ce terme pour parler de la place , selon elle il s’agit d’exploration , de l’étude sur les milieux populaires qui passe par l’examen de la figure paternelle c’est pour cela que ce n’est pas un récit qui a été écrit peu de temps après la mort de son père car il a fallut prendre du temps pour esquisser une construction.

En dernier lieu , l’on peut dire que malgré le fait qu’Annie Ernaux avait déjà publié d’autres romans , c’est avec la place qu’elle devient très connu .
Les critiques sont élogieuses , aujourd’hui la place est traduit en plus de vingt langues : en anglais , allemand , en espagnol , mais aussi en grec , en arabe etc… Il est d’ailleurs étudié au sein des universités françaises et étrangères .

Mon avis :

J’ai apprécié cette lecture , en effet j’ai enfin pu me faire un avis car j’en avais tellement entendu parlé auparavant .
Je ne lis pas énormément de biographies et quand je le fais il s’agit le plus souvent d’auteurs du XIX ème siècle que j’apprécie énormément.
En l’espèce , ce roman m’a plu car la structure est différente , l’aspect social et biographique est très bien mis en évidence.
Le fait de plus que l’auteur nous explique dès le début du roman la façon dont elle a construit son oeuvre m’a préparé au fait qu’il ne s’agissait pas d’une biographie classique au sens où l’on entend.

Ainsi , j’ai pu comprendre sa froideur et le sens de l’écriture plate , ses descriptions sans couleurs par moment ou encore le fait que le nom de ses parents n’est pas mentionné désigné simplement par des initiales , tout comme de son village désigné par un Y .

A lire , si comme moi vous voulez vous faire votre propre avis quant à l’oeuvre d’Annie Ernaux et si vous voulez découvrir du moins pour ce roman le genre auto – socio – biographique.

Ma note :

❤️❤️❤️❤️

4 / 5