François Mauriac

Edition le Livre de Poche

Thérèse Desqueyroux est un roman de François Mauriac publié en 1927

Le récit commence par la sortie de la protagoniste d’un palais de justice en pleine nuit , une ordonnance de non-lieu a été prononcée en sa faveur faute de preuves , on y apprend qu’elle a tenté d’empoisonner son époux Bernard.
Son père vient la chercher , son avocat les accompagne et son époux quant à lui l’attend dans leur maison d’Argelouse.

Cependant Thérèse est paniquée et elle pense à revenir chez son père.

Je compte demeurer quelques jours auprès de M. Desqueyroux . Puis , si le mieux s’accentue , je reviendrai chez mon père.

M. Larroque le père de Thérèse lui rappelle alors qu’elle doit obéir à son mari et être avec lui comme  » les deux doigts de la main ».

Tu deviens folle? Quitter ton mari en ce moment? Il faut que vous soyez comme les deux doigts de la main…comme les deux doigts de la main, entends-tu ? Jusqu’à la mort …

Durant le trajet qui la ramène chez elle Thérèse est épuisée , mais imagine les retrouvailles avec son époux.
S’en suit alors un long monologue intérieur , la préparation d’une sorte de plaidoirie .
Ce qui est difficile , car elle ne sait pas véritablement les raisons qui peuvent expliquer son geste.

On y découvre sa vie s’en suit des va- et – vient entre le passé et l’avenir .
Elle se demande pourquoi elle a épousé Bernard serait-ce pour devenir la belle soeur de son amie Anne la demie-soeur de Bernard , serait-ce pour devenir propriétaire de la propriété de Bernard , ou enfin afin d’appartenir à un clan ?

Mais elle se demande surtout comment vont se dérouler les retrouvailles , comment va t-elle réagir en revoyant Bernard? Et surtout comment pourra t-il lui pardonner?

Le retour , est synonyme de désillusion en effet Bernard ne souhaite pas parler de ce qui s’est passé, le maitre mot est le silence ainsi le poids des conventions est plus fort que les relations humaines.
En effet , l’auteur met en relief le fait que tout semble figé comme si rien ne s’était passé ; Bernard recommence a lui dicté sa conduite , à lui imposé ses règles et l’héroïne encore une fois se trouve emprisonner dans cette vie régit par les convenances.
Elle est enfermée , séquestrée dans la chambre le choix s’impose alors à Bernard , que doit-il faire lui rendre sa liberté mais si oui que faire du quand dira t-on ?

La question est celle de savoir si les convenances sont plus fortes que l’être humain , même si celles-ci tendent à le broyer ?

Mon avis :

C’est un livre époustouflant en effet , François Mauriac dresse un portrait de criminelle avec finesse.
C’est un sujet totalement moderne car il s’agit d’une femme qui a commis un acte répréhensible en empoisonnant son mari.
Au fur à mesure des chapitres il donne des arguments aux lecteurs afin de ne pas la détester .

Pour ce faire , en premier lieu nous rentrons dans les pensées de Thérèse ce qui permet de voir que ce mariage n’est que faux semblant , elle ne sait pas pourquoi ce mariage a eu lieu et d’ailleurs s’en pose la question.

Elle s’est mariée pour entrer dans l’ordre familial mais un climat d’oppression y règne , elle a donc l’impression d’étouffer.
Ce sentiment de suffocation est présent dès le jour du mariage , elle se souvient  » d’un jour étouffant  » . De même nous entrons dans l’intimité du couple car on y découvre que les relations charnelles avec Bernard sont sources de dégoût et elle feint alors le plaisir.

En second lieu , Mauriac met en relief un autre argument serait-ce la jalousie de Thérèse envers Anne et sa relation avec Jean Azevédo , qui va la pousser à les séparer et ainsi se rapprocher du jeune homme qui lui intime de quitter ce carcan familial?

Serait-ce à cause de son attachement à Jean et au fait qu’elle soit enceinte qu’elle ait voulu empoisonner Bernard par désespoir avec de l’arsenic afin de rejoindre Jean à Paris ?

Ces questions mises en lumière par l’auteur nous permettent d’avoir une certaines empathie vis à vis de Thérèse car au gré de ces divers arguments on se rend compte qu’il s’agit d’une femme malheureuse , qui malgré la maternité se trouve noyer dans cette univers étouffant , sans couleur , au sein duquel les choix du moins ses choix sont impossibles.

L’auteur répond à toutes ces interrogations lorsque Bernard décide de libérer sa femme car son état a empiré , elle n’a plus goût à la vie et a le visage décharné , émacié .

La liberté s’offre à elle à Paris , où l’on a retrouve à la fin du roman à la terrasse d’un café Parisien c’est donc cela la libre être éloigné d’Argelouse.
Mais pour conclure , l’auteur veut un dénouement afin de nous indiquer pourquoi elle a commis ces horreurs , c’est pour cela que Bernard lui pose la question , mais elle ne répondra pas , elle reste muette et de ce fait les motifs restent à l’appréciation du lecteur.

A lire sans hésiter , car ce roman est une chronique criminelle qui n’est pas du tout surannée .
Malgré le fait que ce soit un roman rigoureux il et nous fait comprendre que la nature humaine est très complexe.
Si pour certains le non-lieu prononcé pour les faits commis est discutable pour d’autres c’est un verdict juste .
C’est d’ailleurs pour cela que la fin se présente sous forme d’ ouverture afin d’empêcher les jugements hâtifs .

Ma note :

❤️❤️❤️❤️

4/5