Maryse Condé

Editions Folio

Maryse Condé, née Marise Liliane Appoline Boucolon le 11 février 1934 à Pointe-à-Pitre et morte le 2 avril 2024. Elle se réclamait de l’indépendantisme guadeloupéen et est l’auteure d’une œuvre importante de renommée mondiale.

Elle a d’abord été enseignante, journaliste et critique. Elle prend conscience de son « héritage colonial » comme de son « africanité » par les lectures d’Aimé Césaire et de Franz Fanon, mais aussi par son expérience tumultueuse de l’Afrique, surtout de la Guinée, où elle assiste aux premiers essors et désillusions de l’indépendance.

Tour à tour journaliste et professeure, circulant de la France aux Antilles, de l’Afrique aux Etats-Unis, amie de Guy Tirolien , compagnonne de l’aventure éditoriale de Présence africaine, plus tard des écrivains antillais de la Créolité, signataire du Manifeste pour une littérature-monde en français (2007), elle a publié plus de quarante ouvrages, dont la finesse et le franc-parler ne se sont jamais démentis.

Sur le plan littéraire, son roman en deux volumes Ségou est devenu un best-seller lors de sa parution en 1984. En 1987, elle reçoit Le Grand Prix Littéraire de la Femme pour son roman Moi Tituba, sorcière noire de Salem et le Prix Marguerite Yourcenar pour son roman Le cœur à rire et à pleurer publié en 1999. L’histoire de sa mère et sa grand-mère est contée dans le récit Victoire, les saveurs et les mots qui reçoit le Prix Tropiques en 2006. En 2012, elle raconte sa vie mouvementée pendant ses douze années en Afrique dans son autobiographie La vie sans fards, suivi du Fabuleux et triste destin d’Ivan et Ivana paru en 2017.

En plus de cette sélection de ses nombreux romans, elle a publié de nombreux livres pour enfants et des pièces de théâtre.

En 2015, elle est sélectionnée pour le Man Booker International Prize à Londres et en 2018 sa prolifique carrière est couronnée par le New Academy Prize qui remplace cette année-là le Prix Nobel de Littérature.

Elle est promue Officier de la Légion d’Honneur en 2015 , en 2018 elle reçoit le Prix Nobel alternatif et est décorée Grand-Croix de l’Ordre National du Mérite en 2020 par le Président de la République Française, Emmanuel Macron.

Maryse Condé

«Je crois que je ne serai jamais rien d’autre qu’une Guadeloupéenne. Une Guadeloupéenne à ma manière, qui parle peu créole, qui réside en partie à New York, qui a visité le monde… Mais au fond de moi, le lieu qui a fait ce que je suis, mes parents, mes souvenirs d’enfance, ont créé quelque chose que ne pourrai jamais modifier.
J’aime la Guadeloupe, le pays, la nature, les sons, les images. Je mourrai guadeloupéenne. Une Guadeloupéenne indépendantiste.»

Au travers de ce récit Maryse Condé a voulu réhabiliter sa grand-mère Victoire Élodie Quidal.
Il s’agissait d’une cusinière hors pair, elle a travaillé au service d’Anne-Marie et Boniface Walberg, à La Pointe. Sa virtuosité et son excellence sont recherchées par la bonne société guadeloupéenne qui la réclame dans ses cuisines.
Victoire, connaîtra-t-elle enfin son heure de gloire ?

Mon avis :

« Victoire ne savait nommer ses plats et ne semblait pas s’en soucier. Elle ne laissait à personne le soin de hacher une cive ou de presser un citron comme si, en cuisine, aucune tâche n’était humble si on vise à la perfection du plat. »

J’ai décidé d’aller à la rencontre de Maryse Condé au travers de ce doux récit , le doux souvenir de sa grand-mère Victoire.
Mais l’autrice nous permet aussi de découvrir sa mère Jeanne la première enseignante noire de l’île.

Maryse Condé n’a pas connu cette grand-mère dont sa mère parlait peu, il n’y avait qu’un portrait d’elle sur son piano.

Mais de part son travail de mémoire elle sait qu’il s’agissait d’une petite femme menue, une mulâtresse avec la peau blanche, des yeux clairs et d’épais cheveux noirs dont personne ne savait qui était son père.
Alors que Victoire ne savait ni lire, ni écrire, elle a tout fait pour que sa fille Jeanne puisse faire des études brillantes.

Nous sommes à la fin du 19 ème et le début du 20e siècle et les traces de l’esclavage sont omniprésentes et régentent les relations entre les blancs et les noirs.

L’autrice a illustré ce fait au travers des descriptions de la population, ce sont sortes de castes où il était difficile d’y entrer et d’en sortir également. On y rencontre les blancs pays (descendants des maîtres), les grands noirs ( les noirs bourgeois ou transfuges de classe) et le reste de la population, les plus pauvres .
La dimension de transfuge de classe est mise en relief par Jeanne la mère de l’autrice, et on se demande au fil de la lecture si elle n’avait pas honte de sa mère, une mère qui cherchait à tout prix à ne pas s’immiscer dans sa vie si bien réglée et ordonnée.

J’ai aimé cette immersion dans ma Guadeloupe an tan lontan, j’ai aimé redécouvrir mon île au travers de cette lecture, les usages et le poids des traditions de l’époque mais aussi les conflits et les luttes de classe encore présents aujourd’hui.

J’ai aimé la douceur, les odeurs et les saveurs présents au sein de ce roman de part la plume fluide de l’autrice mêlant de temps en temps des chants ou encore des expressions en créole.

Assurément cette lecture a été un coup de coeur, je continuerai la découverte de Maryse Condé, une femme au talent et à l’intelligence indéniable que j’ai pris du temps à lire à tord.

Et vous connaissiez-vous cette autrice?

Ma note :

❤️❤️❤️❤️❤️

5/5