Maggie O’Farrell

Edition Belfond

Née en 1972 en Irlande du Nord, Maggie O’Farrell a grandi au pays de Galles et en Écosse. À la suite du succès de son premier roman, « Quand tu es parti », elle a abandonné sa carrière de journaliste littéraire pour se consacrer à l’écriture. Après « La Maîtresse de mon amant » (2003), La Distance entre nous (2005),« L’Étrange Disparition d’Esme Lennox » (2008), Cette main qui a pris la mienne, lauréat du prestigieux Costa Book Award (2011, « En cas de forte chaleur » (2014), « Assez de bleu dans le ciel » (2017),« I am, I am, I am » (2019) et Hamnet, lauréat du Women’s Prize for Fiction (2020), « Le Portrait de mariage » est son dixième livre à paraître chez Belfond.

« Ses doigts se crispent sur le bord de son assiette. La certitude selon laquelle il nourrit le projet de la voir mourir est comme une présence à côté d’elle, un oiseau de proie au plumage sombre posé sur le bras de sa chaise. »

Avec « Hamnet », Maggie O’Farrell nous plongeait sur les traces de Shakespeare dans l’Angleterre du XVIᵉ siècle. Désormais elle nous entraîne dans la Renaissance italienne à la découverte d’une jeune femme si peu connue et dont la vie a été si courte.

Lucrèce de Médicis, est la fille du duc de Toscane, la jeune fille est mariée à l’âge de 15 ans au duc de Ferrare, la fête sera extravagante et la foule est éblouie par le jeune couple.

Mais rien ne prédestinait cette jeune fille si sensible, si discrète, à la chevelure flamboyante à ces noces, à part le décès soudain de sa soeur ainée qui allait changé le cours de son histoire.

La fête finie la jeune femme se retrouve seule avec son époux un homme aussi charismatique que terrifiant dans un palais immense dont elle ne connait pas les contours.

Alors que son portrait de mariage va être figé pour l’éternité, elle voit son avenir se dessiner et elle comprend qu’elle doit enfanter un héritier tel est son devoir car destin en dépend…

Cependant elle mourra moins d’un an plus tard…

« Elle n’avait depuis le départ cessé de clamer à quiconque qu’elle ne voulait pas épouser le fils du duc, qu’elle ne remplacerait pas sa sœur, tout en sachant pertinemment que la machine de ses fiançailles était inexorablement lancée. Ses parents ainsi que l’ensemble de leur maison semblaient obéir à un accord tacite consistant à ignorer ses protestations, à poursuivre les préparatifs du mariage, à discuter des plats que l’on servirait aux différents festins, à débattre de la nécessité de couvrir la grande salle de réception de tentures neuves… »

Mon avis :

« Lucrèce s’installe à la longue table de dîner, une table au plateau lisse et miroitant comme de l’eau, recouverte de plats, de coupes retournées, d’une couronne de sapin tressée. Son époux est assis, non à sa place habituelle, à l’extrémité opposée, mais à côté d’elle, assez près pour qu’elle puisse poser sa tête sur son épaule si l’envie lui prenait ; il déplie sa serviette, rajuste la position de son couteau, rapproche d’eux la chandelle quand vient à Lucrèce, avec une évidence soudaine – comme si un fragment de verre coloré, devant ses yeux, avait été placé ou peut-être retiré – , la certitude que son époux projette de la tuer. »

Maggie O’Farrell encore une fois se saisit d’un fait historique pour nous offrir un formidable portrait de femme.

Alfonso II d’Este, duc de Ferrare, est considéré comme étant celui qui aurait inspiré à Robert Browning son poème intitulé « Ma dernière duchesse » au sein duquel il se désole de la disparition soudaine de cette petite duchesse partie trop tôt .

Lucrèce de Cosme de Médicis d’Este, duchesse de Ferrare, est celle qui a inspiré ce roman.

La vraie Lucrèce fut mariée à Alfonso à la l’âge de treize ans, en mai 1558, sa dot était faramineuse.

Mais elle demeura auprès de ses parents à Florence durant les deux années qui suivirent, à la mort de son père en 1559 son époux qui se trouvait en France se rendit à Florence a l’été 1560 pour aller la chercher et la ramener à la cour. L’autrice a combiné le mariage et le départ de Lucrèce, de sorte que, dans le roman, Lucrèce quitte Ferrare au terme d’un seul évènement, à l’âge de quinze ans.

Au sein de ce récit captivant et envoûtant, nous entrons dans l’intimité de la jeune Lucrèce de Médicis.

Mais une chose intrigue les historiens il s’agit de sa mort, en effet selon une rumeur encore présente aujourd’hui son époux l’aurait assassinée. Aussi dès le premier chapitre, Lucrèce de Médicis, 16 ans en l’an 1561, se retrouve avec son mari, le duc Alfonse d’Este dans une forteresse isolée avec la certitude que celui-ci projette de la tuer.

Elle meurt l’année de ses 16 ans, emportée par un mal mystérieux certains pensent à un empoisonnement commis par son mari, pour punir la jeune femme, épousée à 13 ans qui n’a pas pu tombé enceinte.
Chose peut-être inconnu par ses contemporains aujourd’hui l’on sait que le duc jouissait probablement d’infertilité car malgré ses trois mariages, il n’a pu avoir un héritier.

Maggie O’Farrell a su créer une ambiance intimiste, une ambiance qui parfois reste terrifiante où la jeune femme est retenue dans un palais dorée, sous l’autorité de son époux qui désir ardemment qu’elle devienne mère. Alors on plonge dans ses pensées, de ses premier pas en tant qu’épouse.



La condition des femmes à cette époque était difficile le monde extérieur leur était inconnu tant que le devoir conjugal, la raison principale du mariage n’était pas atteint.

Ici, c’est la chronique d’une mort annoncée et on retient son souffle tout au long de la lecture du début jusqu’aux dernières pages où la personnalité de son mari et de ceux qui l’entoure sont mises à jour.

Récit poignant, captivant et brillant il est à découvrir car encore une fois l’autrice excelle tant dans les descriptions, les émotions, les ambiances avec une maitrise pour mettre en lumière des faits historiques parfois oubliés.

Avez-vous lu ce roman, si ce n’est pas encore le cas qu’attendez-vous ?

Ma note :

❤️❤️❤️❤️❤️

5/5