Dominique Fortier

Edition Les Escales

Il ne vous avait pas échappé, sans doute, qu’Ève avait un statut mal défini. On ne lui demandait pas de frotter les planchers, mais jamais il ne serait venu à l’esprit de quiconque de l’inviter à s’asseoir à table quand il y avait du monde à la maison. Elle prenait tous les jours le thé avec Eleanor, dont elle partageait les jeux, mais, après que son amie se fut tamponné les lèvres, Ève rapportait les tasses à la cuisine pour les laver.

Dominique Fortier est une autrice et traductrice québécoise que j’ai connu en lisant son ouvrage Les villes de papier biographie romancée de la poétesse Emily Dickinson.
D’elle j’ai lu également Les Ombres blanches au sein duquel Dominique Fortier prolonge la vie d’Emily Dickinson en racontant la grande aventure qui mènera ces héroïnes anonymes à faire paraître ses poèmes pour la première fois.

L’écriture de cette romancière était si poétique que j’ai vu découvrir à nouveau un ouvrage d’elle.

En Louisiane deux fillettes grandissent ensemble, mais mis à part le lien que les unira toute leur vie elles sont différentes alors qu’Eléonore est blanche et fille de médecin Eve quant à elle est mulâtre et c’est la fille d’une esclave.

L’une dispose de droits que l’autre n’a pas, chacune aura une destinée qu’aucune des deux n’aura choisi.

Avec comme toile de fond la Guerre de Sécession ce roman met en lumière le destin de deux femmes on découvrira leur vie, leurs rêves, dans une Amérique déchirée, s’interrogeant sur la question de la liberté…

Ceux qui partent ne reviennent jamais, même quand ils reviennent.

Mon avis :

Vous n’avez pas besoin que je vous explique le moyen de sortir d’un labyrinthe : il suffit simplement de refaire à l’envers le chemin que nous avons parcouru ensemble. (…) Mais il est un autre moyen de sortir d’un labyrinthe : c’est d’inventer soi-même le chemin au fur et à mesure, jusqu’à la sortie, que l’on invente aussi.

La plume de l’autrice me plaît toujours autant car elle est fluide et tout en poésie comme à l’accoutumée.

L’amitié de ces deux héroïne est le point de départ de ce roman, mais sont-elles réellement amies?
Car quand Eleanor avait huit ans, son père, le docteur McCoy, ramena à la maison une jeune mulâtre du même âge, rachetée et rebaptisée Eve.

Les deux fillettes grandissent ensemble mais est-ce que c’est une relation égalitaire?
Même si Eve n’est ni réellement libre, ni réellement esclave, Eleanor est celle qui régente la relation de sorte que quand celle-ci se marie Eve la suit dans la demeure de son époux.

En outre, les faits historiques sont très présents , l’idée de la liberté accordée ou non aux noirs est omniprésente avec l’émergence du Klu Kux Klan notamment.
Car même si la famille d’Eleonore est tolérante, dans le sud les choses ne sont pas simples pour les noirs américains.

S’agissant des personnages je ne me suis pas précisément attachée à une héroïne en particulière car les développements son peu nombreux les concernant.
Je m’attendais à une psychologie plus travaillée bien que le début du roman m’a énormément plu , je suis restée sur ma faim à certains instants.

Néanmoins bien que ce ne soit pas un coup de coeur c’est un beau roman mettant en exergue la vie de femmes de couleurs différentes en pleine Guerre de Sécession , on y découvre le poids des conventions des femmes face au mariage, les murmures et les péripéties des femmes quelles que soient leurs origines .

Ma note:

❤️❤️❤️

3/5