Shirley Ann Grau

Edition Belfond

« J’ai l’impression d’être enracinée ici, d’être comme les affleurements de granit, les ossements de la terre, décharnés, éternels »

Shirley Ann Grau, est une écrivaine américaine née le 8 juillet 1929 à La Nouvelle -Orléans, elle est décédée le 3 août 2020.

Prix Pulitzer 1965, publié en France la même année , Les gardiens de la maison est un classique américain largement méconnu, qui mérite d’être redécouvert aujourd’hui.

Il s’agit du portrait d’une riche famille de La Nouvelle-Orléans, c’est l’histoire trouble des États-Unis qui nous est contée, de la fin de la guerre civile au milieu du xx eme siècle, dans une région où la ségrégation reste de mise.

Ouvert sur un monologue , le roman vient par la suite nous conter l’histoire de la famille Howland et en particulier celle du grand-père , William.

On y découvre les non-dits d’une famille, on y découvre les amours entre blanc et noir à une époque où ces unions étaient condamnées, mais peu à peu les puzzles s’emboitent et nous comprenons enfin pourquoi le roman s’ouvre sur un monologue.

C’est le monologue d’Abigail sur sa véranda qui fait d’elle la gardienne des secrets de cette riche famille du sud des Etats-Unis.

« La peau noire, elle l’examina, la pinça entre deux doigts… le sang qui lui venait de son père, où était-il donc ? »

Mon avis :

Ce roman fait partie du cycle que je consacre aux divers prix Pulitzer à travers les ans, il figure ainsi dans ma sélection.
N’ayant jamais entendu parler de ce roman j’ai donc décidé de me laisser tenter car c’est un roman publié en 1965 en pleine période de tensions raciales et de luttes pour les droits civiques des noirs américains.

Mais ce roman est aussi un très beau portrait de femmes nous découvrons ainsi celui d’Abigail et celui de Margaret.

D’abord, celui d’Abigail qui endosse le rôle de gardienne de la maison c’est celle qui veille sur les secrets de la dynastie.

Femme forte et indépendante Abigail raconte l’histoire de sa famille, une famille du sud des Etats-Unis où les relations entre noirs et blancs étaient compliquées et où la couleur de la peau déterminait la vie qu’on allait mener durant toute son existence.

Principale descendante et narratrice, de cette famille riche et puissante, ses retours en arrière nous montre au fil des pages que les lois du sud paraissent gravées dans la pierre.

Ensuite, nous avons le portrait de Margaret Carmigaël une jeune fille descendante d’esclaves affranchis avec qui William le grand-père d’Abigail aura des enfants.

En effet veuf très jeune, il se joue des conventions, considéré comme un beau parti il et est tombé sous le charme de la jeune femme lors d’une de ses escapades.
alors William l’embauche comme gouvernante.


Il décide de l’embaucher comme gouvernante mais dans la demeure, commence alors une histoire une relation intime donnant naissance à des enfants métis, mais c’est une histoire secrète.

D’ailleurs, ces enfants métis n’auront pas de privilèges et seront mis au banc de la société, car considérés comme noirs, ils ne pourront ainsi rester vivre au domaine.

Cependant le secret de William à des conséquences jusqu’a entraîner le cycle de la vengeance et la gardienne est prête à tout pour assouvir sa vengeance contre ceux qui ont bafoué le nom des siens….

Ce roman s’inscrit dans la pure tradition des récits sudistes tels que Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell ou encore de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee.

En outre, la plume de l’autrice est superbe de part les descriptions, la psychologie et la richesse des personnages , c’est une authentique fresque familiale qui mérite d’être connue davantage.

Et vous connaissiez-vous cette saga familiale ?

“ Là, dans le soir immaculé, cela ne me paraît pas bizarre de me battre contre toute une ville, contre tout un comté. Je suis seule, oui, bien sûr que je suis seule, mais je n’ai pas spécialement peur. La maison était déjà vide et solitaire auparavant – simplement je ne m’en rendais pas compte – ce n’est pas pire maintenant. Je sais que je rendrai coups pour coups. Je détruirai autant que j’ai perdu. C’est un moyen de vivre, vous savez. C’est un moyen de conserver un cœur battant à l’abri de la voûte de vos côtes. Et à moi, cela me suffit pour l’instant. ”

Ma note :

❤️❤️❤️❤️

4/5