Rosie Price
Edition Le Livre de Poche , février 2021
En l’espèce , il s’agit de l’histoire d’une amitié , une relation profonde entre deux êtres fragilisée par un drame .
En effet , Max Ribbon appartient à une famille londonienne aisée , sa mère est une réalisatrice célèbre et plébiscitée dans le milieu cinématographique.
A contrario , la famille de Kate est beaucoup plus modeste , sa mère est une ancienne alcoolique .
Malgré les différences de milieu les rapports sont si forts entre les deux et ils deviennent inséparables , ils dorment dans le même lit , habitent ensemble , ce qui freinent les rencontres car ils n’ont l’un et l’autre que des relations sans lendemain.
Mais un jour la vie de Kate est bouleversée , lors d’une fête dans la famille de Max elle est violée par un membre de la famille de celui-ci mais ne dit rien…
La question est celle de savoir comment continuer à vivre après un viol et continuer à vivre parmi les autres comme si rien ne s’était jamais passé?
Extraits :
Il la conduisit dans la chambre , lui saisit les bras , les maintint dans son dos. Kate voulait lui dire de la lacher , mais les mots lui mainquaient. Son esprit etait vide , ses membres ballants , quand il la poussa sur le lit elle tomba facilement , et quand il repoussa ses cheveux de son visage pour pouvoir l’embrasser de nouveau , cette fois avec la langue , elle ne peut bouger les bras pour le repousser.
Kate avait battu en retraite après avoir vu Lewis ce jour-là. C’était la première fois depuis le viol , et ce moment elle l’attendait depuis près d’un an.
Intervalle durant lequel elle s’était mise à espérer , et même à fantasmer que cette fois-là , elle serait en mesure de le voir sans que la réciproque soit vraie.
Elle se disait que, si elle restait sur le qui-vive , à le guetter , au moins il ne pourrait pas la surprendre et que cela saurait peut-être tempérer l’inévitable violence de la réaction qui s’en suivrait.
Kate ne mangea pas ce matin là. La combinaison de la douleur , en haut de sa cuisse , et de la culpabilité qui lui serrait le ventre lui donnait la nausée , aussi but-elle un verre d’eau avant de s’asseoir sous la douche pour enlever les lambeaux d’essuie-tout ensanglantés sur l’entaille.
Elle la nettoya , poussa un juron en s’ébouillantant , puis colla un sparadrap. Il couvrait à peine l’incision qui , en plus d’être plus profonde , était plus longue qu’elle ne l’avait souhaité, et quand elle remit son jean elle sentit la chair adhérer au tissu.
Mon avis :
Le rouge n’est plus une couleur est un titre assez intriguant c’est la raison pour laquelle je me suis laissée tenter .
En outre , de part les prix décernés à cet ouvrage tels que le prix des lecteurs sélection 2021 et le prix griffe noire du meilleur roman étranger ma curiosité l’a emporté.
Je suis toujours attirée par les premiers romans , Rosie Price est une écrivaine britannique née en 1992 .
On se demande pourquoi ce titre , pourquoi cette négation ?
La réponse est trouvée lorsque l’on lit le livre Elle n’ose pas crier et ferme les yeux afin de ne plus voir le ruban rouge cousu à l’intérieur du col de son agresseur, Lewis.
Par ailleurs, le sujet traité fait partie des thématiques mises en évidence ces derniers mois , le mouvement Me too ayant bouleversé les choses.
L’autrice effectue une progression dans le roman en posant les bases du récit partant d’une belle amitié à un évènement tragique.
Événement que Kate la victime a essayé d’oublier mais qui est encore présent se matérialisant par les mutilations qu’elle s’inflige.
En effet , elle est profondément blessé et la mutilation montre qu’elle le vit dans sa chair tous les jours.
Malgré le fait qu’elle ait refait sa vie avec un jeune homme le traumatisme est présent c’est en ce sens que Rosie Price montre que psychologiquement les victimes de viol même si elle continue de vivre » un semblant de vie » ce drame ne peut s’oublier.
De même , elle essaie d’oublier aussi afin de protéger son ami Max avec lequel elle a vécu de si belles choses.
Ce qui est intéressant c’est que l’autrice montre avec brio que le poids de la honte , du dégoût bien que omniprésent peut laisser place à la dénonciation.
Car Kate laisse des indices sur ce qui s’est passé , met des mots sur la tragédie notamment en se confiant à Max .
C’est une belle découverte pour un premier roman assurément Rosie Price a du talent mais cette lecture ne fût pas un coup de coeur .
Les cent premières pages m’ont plu car elles mettaient en exergue la belle amitié mais après le drame je suis restée sur ma faim et reste assez déçue globalement .
Cependant , il convient de découvrir cette oeuvre afin d’avoir différents points de vues s’agissant de ces catastrophes , ces violences dont sont victimes les femmes et ce tous les jours et ce dans le monde entier quelque soit l’origine ou encore le milieu social .
Ma note :
❤️❤️,❤️
2,5 / 5