Sylvia Plath
Edition l’Imaginaire Gallimard
Sylvia Plath est une écrivaine et poétesse américaine mondialement connue pour l’une de ses oeuvres la plus majestueuse Ariel .
Il s’agit du dernier recueil de poésie composé de son vivant et publié en 1965 à titre posthume.
La cloche de la détresse ou The Bell Jar est l’unique roman de l’auteure publié sous le pseudonyme de Victoria Lucas en 1963 soit un mois avant la mort de l’ autrice.
Au sein de ce roman l’auteure nous partage l’expérience de la dépression à travers le personnage d’une jeune adolescente de dix-sept ans.
En effet , Esther Greenwood est une jeune étudiante américaine brillante provenant d’un milieu assez modeste, elle est l’une des douze lauréates d’un concours de poésie organisé par un magazine de mode de New York pour y suivre un stage durant l’été.
Au sein de ce roman l’on va donc vivre cette expérience avec elle , c’est une chance unique mais Esther est-elle prête et préparer à suivre cette voie ?
Car la jeune fille baigne dans un monde de frivolité et de mondanité mais elle n’arrive pas à s’y faire et peine à se faire de véritable amis.
Et peu à peu la tristesse , l’amertume et la confusion l’assaillent car elle n’a pas la légèreté de sa camarade Doreen ou d’autres de ses pairs.
« Je me sentais très calme, très vide, comme doit se sentir l’œil d’une tornade qui se déplace tristement au milieu du chaos généralisé. »
Alors tout doucement le chaos s’installe , elle se pose de nombreuses questions et elle sombre un plus chaque jours dans la dépression.
Nous entrons ainsi dans les pensées et les sentiments les plus profonds d’Esther car elle ne comprend pas le monde qui l’entoure, ni les hommes ni les femmes .
De même le retour au sein de sa famille n’y change rien et elle se sent oppressé par sa mère qui veut la cantonner à l’image que la société perçoit d’une jeune fille des années 50.
Sylvia Plath alors avec minutie nous délivre ce qui se passe dans la tête d’Esther , jusqu’à nous partager sa tentative de suicide en nous montrant de façon très clair ce qui s’offrait aux jeunes filles à cette époque.
En effet il faut les guérir de leurs maux, alors elles étaient très souvent internées au sein d’institutions afin de les soigner par le biais de divers traitements expérimentaux tels que les électrochocs par exemple.
Nous comprenons en filigrane que l’auteure s’est servie de son expérience personnelle pour décrire la situation d’Esther car ses ressenties sont poignants et le lecteur ressent de l’empathie.
Le lecteur est alors en immersion à travers les descriptions de l’institution , des malades, des médecins de leurs comportements envers les pensionnaires tout cela avec une précisions inouïe .
C’est un roman largement autobiographique , qui se s’achève sur une lueur d’espoir car Esther va peut-être sortir de l’hôpital et sans doute commencer une nouvelle vie a contrario pour l’autrice son sort était scellé car elle s’est suicidée des semaines plus tard.
C’est profondément un roman poignant mais son écriture ne fut pas une thérapie pour Sylvia Plath mais ce n’est pas un récit qui peut plaire à tout le monde de part sa noirceur car c’est l’histoire d’un naufrage.
« Je voyais les jours de l’année s’étaler devant moi, comme une succession de boîtes blanches, brillantes et pour séparer chaque boîte de la suivante, il y avait comme une ombre noire, le sommeil… Malheureusement pour moi, la longue zone d’ombre qui séparait les boîtes les unes des autres avait disparu et je voyais chaque jour briller devant moi une sorte de large route blanche, désertique. »
Cependant il convient de souligner que c’est aussi un roman assez nouveau pour l’époque car Esther ne veut pas se conformer au monde qui s’offre à elle, elle ne veut pas se marier et veut juste être libre .
C’est donc un livre féministe , c’est d’ailleurs à partir d’un article écrit par une avocate et intitulé « Défense de la chasteté » dans lequel l’auteur prône la virginité jusqu’au mariage qu’Esther forge son opinion.
« Finalement je me suis dit que puisqu’il était si difficile de trouver un homme intelligent, vigoureux et encore vierge à vingt et un ans, alors, autant oublier tout de suite l’idée de rester vierge moi-même et donc d’épouser quelqu’un qui ne l’était plus non plus. Comme ça, quand il commencerait à ruiner ma vie, je pourrais ruiner la sienne ».
Mais ce désir de liberté à un prix car plus elle désire s’évader de cette vie plus elle se sent enfermer , emprisonner et dès lors étouffe dans cette prison de verre .
En définitive ce n’est pas un coup de coeur car la parution de ce roman donne lieu au suicide de l’auteure elle-même , mais toutefois il est important à lire car il démontre avec précision que la dépression présente dans les années 50 est encore présente aujourd’hui et malheureusement n’est toujours pas véritablement prise en compte.
Nous ne sommes plus dans le New-York des années 50 mais le fait de ne pas se conforter aux monde à l’heure des réseaux sociaux , de se sentir à l’étroit dans sa cloche de verre et de sombrer dans l’amertume provoque encore de l’incompréhension .
« Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre , vidé et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n’est qu’un mauvais rêve ».
Ma note:
❤️❤️❤️
3/5