Orhan Pamuk

Editions Gallimard , traduit du Turc par Valérie Gay-Aksoy

Le musée de l’innocence est un livre qui ne laissera pas le lecteur indifférent .

Kemal, est un trentenaire provenant d’un milieu favorisé il est sur le point de se fiancer avec la belle Sibel.

Un jour il décide d’acheter un sac Jenny Colon à sa fiancée Sibel. Or la vendeuse n’est autre que Füsun une jeune cousine éloignée.

Mais il s’avère que Kemal tombe amoureux fou de cette cousine désargentée de 18 ans.

Commence alors une relation amoureuse cachée aux yeux de tous , Kemal prétextant donner des cours de mathématiques à Füsun , retrouve la jeune fille dans un immeuble appartenant à la famille afin d’entretenir cette relation.
Mais de part les conventions et le qu’en dira-t-on , les fiançailles avec Sibel auront quand même lieu , dès lors Füsun va disparaître .

Kemal va alors rompre ses fiançailles, tourner le dos à ses amis, sa famille et ses affaires et se consacrer à la recherche de Füsun il finira par la retrouver presque un an après mariée à un ami d’enfance.

Il consacrera le restant de sa vie à reconquérir Füsun.

Loin de Füsun, je perdais toute sérénité, le monde se transformait à mes yeux en une énigmatique charade. En voyant Füsun, j’avais l’impression que toutes les pièces du puzzle se remettaient instantanément en place et, me souvenant combien le monde était un endroit plein de sens et de beauté, je soufflais à nouveau.

La question est donc de savoir comment réapprendre à vivre quand l’amour de sa vie ne nous appartient plus?

La vie semblait s’être éloignée de moi, comme si la vigueur et les couleurs que je lui connaissais jusque-là s’étaient étiolées […] Je ne pouvais me défaire de l’impression que tout ce que je faisais durant les jours passés sans Füsun était vulgaire, banal et absurde ; j’éprouvais de la colère contre tout, contre tous ceux qui me ramenaient à cette médiocrité. Mais je conservais toujours intacte la conviction que je finirais par retrouver Füsun, par pouvoir lui parler et même la serrer dans mes bras. Ce qui me permettait de me lier tant bien que mal à l’existence mais prolongeait en même temps ma souffrance.

Mon avis :

Ce livre est magnifique , c’est l’histoire d’un amour inconditionnel , d’une chimère .
Kemal passera sa vie à tenter de reconquérir Füsun , quitte à rester auprès seul cela lui suffit , c’est un amour platonique , un amour pas réciproque .

En outre, le fait que l’auteur parle à la première personne rend le protagoniste attachant , on se prend de compassion pour lui .

L’auteur de plus dépeint le contexte historique et politique extrêmement bien , on y découvre l’Istanbul riche , le milieu bourgeois émancipé dans une Turquie officiellement laïque des années 70 /80 .

Il met aussi en lumière les relations sexuelles hors mariage , car Kemal et Füsun se retrouvent dans un appartement afin d’entretenir cette relation , il a engagé sa responsabilité vis-à-vis de Sibel .

Enfin , pourquoi parle t-on de musée?
Il sera constitué des milliers de petits objets dérobés par kemal lors de ses renonctres avec Füsun , c’est assez étrange meme si l’auteur ne juge pas ces faits , le lecteur peut se poser des questions.
Ces objets sont des chaussures, des sacs, des broches , des bijoux… et même ses mégots de cigarettes, tachés de son rouge à lèvres.
Notons que grâce à l’argent du prix Nobel qu’il a obtenu en 2006, Pamuk a pu financer ce musée, qui a ouvert en 2012.
Alors qu’en est-il de la santé mentale de Kemal ? Il est à la limite de la pathologie mentale …


En définitive c’est une lecture à découvrir ce fût un coup de coeur pour ma part.
Le style de l’auteur est impeccable , son talent est indéniable , le sentiment amoureux est magnifiquement mis en relief tout comme la complexité de ce sentiment qui peut pousser jusqu’à la folie…

A lire sans hésiter afin de découvrir cette plume remarquable .

Ma note :

❤️❤️❤️❤️❤️

5/5