Ludmila Oulitskaia
Editions Folio Gallimard , traduit du russe par Sophie Benech
Sophia Iossifovna ayant pour diminutif Sonia ou Sonietchka est passionnée de lecture et ce dès son plus jeune âge .
La lecture est un cocon , elle lui procure de la sérénité et de la joie.
Mais elle est victime de moquerie notamment de la part de son grand frère Ephrem qui lui répétait sans cesse : A force de lire sans arrêt , Sonietchka a un derrière en forme de chaise et un nez en forme de poire.
Son physique est ainsi qualifié d’ingrat malgré cela elle n’y prête guère attention et elle continue à se réfugier dans la lecture ne reprenant ses esprits qu’a la dernière page de son livre.
Car en effet , elle se laisse absorber par ce monde extérieur , qui la poursuit jusqu’à dans son sommeil , ainsi la frontière entre la réalité et la fiction devient assez mince même inexistante pour elle.
Obtenant un diplôme de bibliothécaire et trouvant un emploi dans une vieille bibliothèque elle s’engouffre encore plus dans ce monde imaginaire.
Elle décide de s’inscrire en faculté de lettres , mais s’apprêtant à passer les examens son rêve se brise lorsque la guerre éclate.
Puis un jour, Robert Victorovitch celui qui deviendra son mari quelques semaines plus tard se présente à la bibliothèque afin d’emprunter des ouvrages.
C’est un homme bien plus âgé qu’elle de vingt ans son ainé , il a beaucoup voyagé en Europe et a connu les camps ce qui l’a profondément marqué , il est un peintre.
Se mariant , Sonia abandonne peu à peu la lecture son mari n’étant pas adepte de cette pratique.
Ensemble ils ont une fille , le couple semble heureux malgré la misère , les conditions de vie difficile et les privations.
Mais suite au déménagement du couple à Moscou la situation s’améliore.
Tania leur fille grandit , charmeuse, elle fait tourner la tête de ses congénaires , elle est l’opposée de sa mère .
Car c’est une jeune fille frivole , arrogante et égoïste ne pensant qu’a son propre plaisir.
Son père l’ayant inscrit à des cours du soir de part son niveau scolaire très bas , elle y rencontre Jasia une orpheline polonaise , qui en parallèle de ses cours fait des ménages.
C’est une jeune femme ayant un physique avantageux , mais qui prête à tout pour parvenir à ses fins , elle est quasiment mythomane car elle veut s’élever socialement .
Peu à peu elle prend de la place au sein de la famille , Sonia la considére un peu comme sa fille et témoigne énormément d’empathie à son égard de sa part sa vie .
S’installant au sein du foyer elle devient ainsi la maitresse de Robert , Sonia l’apprend mais n’en veut pas à Jasia car elle considère cette liaison comme une providence pour son époux qui recommence à peindre car il a retrouvé sa créativité.
Mais Robert décède , les filles déménagent et Sonia se retrouve seule ou du moins en apparence mais elle ne l’est pas car elle se remet à lire.
On apprend à la fin du livre que Tania est mariée à Aliocha et qu’elle devient Pétersbourgeoise , que Jasia a épousé un riche français et qu’elle vit à Paris non loin de l’immeuble où se trouvait l’atelier de Robert.
De même les cinquante-deux tableaux blancs de Robert son disséminés à travers le monde et créent des ventes exceptionnelles à chaque apparition .
Le bonheur , la paix , la sérénité du début sont retrouvés et Sonia qui est désormais une vieille femme atteinte de Parkinson se plonge tous les jours dans son plaisir esquis la lecture.
Mon avis :
Sonietcka est un roman très court à peine 108 pages mais qui est très bien écrit.
Malgré le nombre de page minime l’auteur a pu mettre en évidence des thèmes important.
D’abord , celui de l’apologie de la lecture à travers le portrait de Sonia qui s’y plonge, oubliant même le monde réelle .
La lecture lui procurant la paix , la sérénité et le bonheur .
En effet , l’autrice montre que malgré les difficultés de la vie la lecture est l’une des seules choses qui ne bouge pas , intangible on peut s’y replonger à n’importe qu’elle moment de sa vie.
D’ailleurs Sophia seule, vieille s’y replonge et est heureuse et savoure ce bonheur perdu jadis .
Ensuite, l’autrice met en relief des portraits de femmes à travers les personnages de Sonia femme effacée ne vivant que pour la lecture et le bien des autres , Tania sa fille , jeune femme frivole , nymphomane et égoïste ne son vivant que pour son propre bonheur .
Et enfin Jasia orpheline, prête à tout pour accéder à une classe sociale, pour parvenir à une stabilité matérielle.
Enfin l’auteur met en relief le contexte historique durant la Seconde guerre mondiale , la Russie de Staline , l’expérience des camps connus par Robert . Et aussi cette époque la dureté de la vie d’artiste , qui ayant l’art pour moyen d’expression sont pourchassés et emprisonnés.
En outre, de prime abord on à l’impression que c’est un roman qui brosse le portrait d’une femme sans intérêt qui ne vit que pour les livres , mais il est bien plus que cela car c’est une femme forte qui même lorsqu’elle apprend la liaison de son mari continue de faire le bien.
Elle est heureuse de voir que cette liaison lui a redonné goût à la vie , à la peinture car il devient prolifique lui qui a eu du mal durant toute sa vie à se remettre de ses cinq années d’emprisonnement .
C’est donc une lecture que j’ai apprécié car il met en exergue des thèmes forts tels la liberté , l’amour , la démocratie , la condition des femmes en Russie et enfin c’est un plaidoyer pour toutes les formes d’art dont la lecture.
Il a été publié en Russie, en 1995, traduit et publié en France en 1996. Il a obtenu, la même année, le « Prix Médicis Étranger ».
A lire afin de découvrir cet auteur et la Russie autrement.
Ma note :
4/5
❤️❤️❤️❤️