Mathieu Menegaux

Editions Grasset

L’auteur Mathieu Menegaux est né en 1967. Il est l’auteur Je me suis tue (Grasset, 2015, Points 2017), primé aux Journées du Livre de Sablet, de Un fils parfait (Grasset, 2017, Points 2018), prix Claude Chabrol du roman noir, porté à l’écran en 2019, de Est-ce ainsi que les hommes jugent ? (Grasset, 2018, Points, 2019), prix Yourcenar, adapté lui aussi pour la télévision (Jugé sans justice – France 2), et dernièrement de Femmes en colère (Grasset, 2021) déjà adapté au théâtre et en cours d’adaptation pour le cinéma.

Deux récits, deux voix, deux ennemis a priori.


Lui s’appelle Paul Dufourcq. Jusqu’à peu, il avait une situation, une famille, un grand appartement dans le XVIème arrondissement de Paris, une vie. Mais un soir, il rentre en voiture après avoir bu, renverse un jeune homme à scooter et prend la fuite. L’accident tue l’adolescent et envoie Paul derrière les barreaux d’une prison. Elle s’appelle Anna. Elle a perdu sa fille, Lucie, dans des circonstances similaires, mais son coupable à elle s’en est sorti avec un bracelet électronique.

Depuis, Anna va de rage en peine. La justice les a broyés tous deux, murant l’une dans la colère et l’autre dans la culpabilité. Pour les aider, on leur propose de participer à une autre forme de justice, dite restaurative. Anna devra rencontrer Paul, l’écouter, lui parler.

De son côté, Paul pourra enfin s’excuser. Mais peut-on accorder son pardon à celui qu’on ne hait que par procuration  ? Et peut-il affranchir de la culpabilité  ?

« C’est un des rôles du procès, de vous permettre de verbaliser, d’exprimer votre douleur et de confronter l’auteur aux conséquences de son acte.»

Mon avis :

« Qu’en France, au volant, on peut renverser quelqu’un sans s’arrêter pour lui porter secours, l’abandonner sur le bord de la route et s’en sortir acec une tape sur les doigts, un avertissement, allez, au coin, puis reprendre sa vie? Ça voudrait dire que la vie de ma Lucie ne valait rien. »

Cette lecture touche une corde sensible : la justice.
En l’espèce deux affaires de violence routière sont mise en lumière et nous découvrons la justice restaurative encore peu pratiquée en France.


L’auteur nous mène dans l’intimité des personnages et dans les rouages de la machine judiciaire.

La réponse pénale n’apporte pas toujours le réconfort que les victimes ou leurs familles espèrent, en effet les citoyens demandent toujours des peines supérieures à celles qui sont rendus lors des procès.

La justice restaurative est montrée comme un espoir face aux manquement de la justice punitive.

J’ai apprécié le récit, l’écriture puissante et empathique de l’auteur permet d’approfondir le vécu des personnages, leur honte, leur colère et leur quête de rédemption.

La nouvelle forme de justice illustrée est dite restaurative, certains trouvent que celle-ci est immorale, ou encore anormale se demandant comment peut-on rencontrer son bourreau ou encore ceux qui nous ont fait du mal?

En l’espèce Anna et Paul vont devoir se rencontrer, se parler, s’écouter.

Mais la question est celle de savoir si aujourd’hui les acteurs de la justice sont assez formés et assez nombreux pour ce nouveau type de justice?

De nombreuses études montrent que non, mais surtout que les citoyens malgré les bienfaits de cette justice demandent plus de répression.

En définitive, ce livre permet de mettre la lumière sur ce type de justice car nous sommes tous responsables de l’avenir de notre pays.

La répression oui mais de la répression encadrée, de l’efficacité, de la prise de conscience .

A mon humble avis la justice restaurative est un nouveau type d’espoir face aux impasses de la justice punitive, nous ne pouvons pas toujours rester enfermés dans les carcans de nos souffrances.

Les auteurs et les victimes se rencontrant et peuvent se dire les choses que le procès n’a pas permis, il y a une véritable demande des victimes d’inceste, de violences conjugales etc…Au Canada 80% des victimes de violences sexuelles souhaitent revoir leur bourreaux on appelle cela communément la réunion réparation.

Mais toutes les rencontres auteurs-victimes sont-elles nécessaires au vue du caractère de certains auteurs?

Assurément nous devons être informés et éduqués face à ce nouveau type de justice abondamment utilisés dans d’autres pays notamment le Canada, pas dans le but de remplacer notre justice mais en guise de complément.

« Votre colère est légitime, mais ne la laissez pas vous dévorer. Plus vous l’alimenter, moins vous vous laisserez une chance de survivre. »

Ma note :

❤️❤️❤️❤️

4/5