Ann Petry

Editions Belfond
Née en 1908 dans le Connecticut, Ann Petry a grandi au sein d’une famille de classe moyenne. En 1938, elle épouse George D. Petry, auteur de romans policiers, et le couple s’installe à New York, dans le quartier d’Harlem.
Diplômée en pharmacologie mais passionnée par l’écriture, Ann Petry se détourne des sciences pour écrire dans divers journaux puis publie ses nouvelles dans la presse. Très impliquée dans la vie de son quartier – elle développe notamment différents programmes éducatifs –, elle est témoin des conditions de vie des habitants d’Harlem. Ses expériences l’inspirent pour l’écriture de La Rue, best-seller immédiat vendu à plus d’un million d’exemplaires, qui remporte le Houghton Mifflin Literary Fellowship Award et qui paraît en France aux éditions Charlot en 1948.
A sa sortie ce roman a été un véritable succès à sa sortie, devenant le premier roman écrit par une afro-américaine à se vendre à plus d’un million d’exemplaires.
Malheureusement, aucune de ses œuvres ultérieures ne renouvellera le succès de son coup de maître. Ann Petry est décédée à Old Saybrook en 1997. Largement oubliée dans l’héritage du Harlem Renaissance, elle retrouve aujourd’hui une réhabilitation littéraire dont elle a longtemps été spoliée.
Dans cet immeuble où elle habitait actuellement, c’était aussi la rue qui avait amené Mrs Hedges à faire de sa chambre un bordel. Et le concierge, la rue l’avait maintenu dans les bas-fonds, loin de l’air et de la lumière, jusqu’à ce que l’horrible obsession de la chair l’ait dévoré. Mais rien de tout cela ne lui arriverait à elle, Lutie, parce qu’elle avait la volonté de lutter sans relâche. |
Dans le Harlem des années 1940, Lutie vient d’emménager dans un appartement sombre, étriqué, sur la 116ème Rue.
Elle vit seule avec son fils, Bub, et elle n’a qu’une seule idée en tête : quitter ce quartier, ces habitants, cette vie sans avenir.
Commence alors le combat acharné de cette jeune mère célibataire noire, qui tente de s’élever au-dessus de sa condition…
Mon avis :
En approchant de sa station, elle se disait qu’elle n’avait pas peur de la rue, ni de son influence; Elle était décidée à les combattre. Des rues comme la 116 ème, réservées aux nègres ou au mulâtres; avec tout cela que cela signifie; avaient fait de Pop un vieil ivrogne timide et tué Mom quand Lutie était encore tout bébé. |
C’est un premier roman poignant, écrit par une auteure injustement oubliée dans l’héritage du Harlem Renaissance.
Malgré sa beauté c’est un roman, dur et sensible car il dépeint le combat acharné d’une jeune mère de famille dans le Harlem des années 40.
L’écriture d’Ann Petry est si raisonnante qu’elle permet au lecteur de s’immerger dans ce quotidien douloureux. La rue est un personnage à part entière ayant diverses facettes où règne la violence, la misère sociale, le racisme ou encore la corruption.
L’autrice décrit aussi le mur invisible qui sépare les blancs des noirs, avec deux visions du monde qui s’affronte, de part l’injustice et la misère dans cette Amérique coupée en deux.
A travers ce récit l’on découvre les conditions de vie des noirs qui se battent pour survivre, mais surtout le quotidien des femmes noires, Lutie est est la preuve, elle est toujours sur ses gardes, dans la rue, au travail et même au sein de son logement.
En outre, au sein de la rue la solidarité féminine n’existe pas, même entre femmes noires car elles s’épient, se jalouse alors que les femmes blanches voient en ces femmes qui sont souvent leurs domestiques être des rivales au sein de leur foyer.
Ce roman a été un best-seller immédiat et cela se comprend de part l’intensité du récit.
Malheureusement c’est un roman terriblement actuel car rien n’a vraiment changé, tels que le racisme, les conditions de vie des noirs américains, la multiplication des familles monoparentales vivant dans la pauvreté.
Aussi, c’est véritablement un récit intemporel , vrai, et déchirant. C’est un coup de coeur !
Assurément je continuerai la lecture des romans d’Ann Petry car cette autrice avait une plume incroyablement percutante.
Et vous connaissiez-vous ce classique de la littérature afro-américaine?
Ma note :
5/5
❤️❤️❤️❤️❤️