Chocolat amer – 1989

Laura Esquivel

Edition Folio

Laura Esquivel est née en 1950 à Mexico. Avant de se consacrer à la littérature, elle travaille dans l’enseignement et comme scénariste pour le cinéma. Elle publie son premier roman, Chocolat amer, en 1990 et rencontre un succès sans précédent. Son livre, traduit en trente-cinq langues, se vend à plus de quatre millions et demi d’exemplaires. Elle écrit le scénario de l’adaptation cinématographique réalisée par Alfonso Arau, intitulée Les épices de la passion, et est récompensée par les prix Ariel et Silver Hugo en 1992 et le prix Houston International Film Festival en 1993. Depuis, elle a publié notamment les romans Vif comme le désir et Malinche.

 Chocolat amer, ou Como agua para chocolate en version originale est un titre que j’ai eu le plaisir de lire en espagnol au lycée lecture marquante j’ai décidé de retenter l’aventure en version française.

Tita était le dernier maillon d’une chaîne de cuisinières qui s’étaient transmis, de génération en génération, les secrets de la cuisine. Elle était représentée comme la meilleure représentante de cet art merveilleux.

Le Mexique en ce début du XX ème siècle est marqué par la tourmente révolutionnaire. Dans ce contexte que Tita jeune fille de dix-sept ans grandit dans la ferme familiale elle y vit avec sa mère Mama Elena qui est décrite comme une femme sévère et austère, ses soeurs et surtout de la cuisinière Nacha pour laquelle elle éprouve une immense affection et qui l’initie à la cuisine.

Nacha lui apprend ses secrets dont le plus précieux qui est que la cuisine est un trésor destiné à éveiller les sens et les papilles de ceux qu’on aime et justement Tita est amoureuse de Pédro un brave jeune homme qui partage également ses sentiments.

Mais le jour où Pedro se décide à demander la main de Tita elle apprend avec effroi la coutume ancestrale, qui laisse entrevoir un terrible destin.
En effet, étant la plus jeune des filles elle ne pourra jamais se marier ni avoir d’enfants car elle doit s’occuper de sa mère.

Malgré ses diverses contestations la mère de Tita est ferme et Pedro est contraint d’épouser une des soeurs de la jeune fille malgré son amour profond pour Tita.

Tita se réfugie alors dans la cuisine qui est sa seule échappatoire se produit alors des choses étranges car au-delà de ses extraordinaires talents culinaires, la cuisine de Tita cause des effets étranges sur ses convives, ses cailles aux pétales de roses ont un effet aphrodisiaque, ses gâteaux un pouvoir destructeur….

Se pourrait-il que l’ardeur et l’amour que Tita enfoui depuis des années dans son coeur vis-à-vis de Pedro soit à l’origine de cela?

Une chose est sûre le destin de cette famille ne sera plus jamais le même et ce durant des décennies entières.

Elle se leva, courut chercher l’énorme couvre-lit tissé pendant ses nuits de solitude et d’insomnie et le tira sur elle, recouvrant en même temps les trois hectares et demi de la ferme. Elle prit la boîte d’allumettes offertes par John dans le tiroir de sa table de nuit. Son corps avait besoin de beaucoup de phosphore. Elle commença à manger les allumettes une par une. Tout en mastiquant, elle fermait les yeux très forts et s’efforçait de retrouver ses souvenirs les plus émouvants avec Pedro. Le premier regard échangé, le premier frôlement de leurs mains, le premier bouquer de rose, le premier baiser, la première caresse, la première relation intime. Et elle parvint à ses fins. Lorsque le phosphore entrait en contact, dans sa bouche, avec cette image lumineuse, il prenait feu. Sa vision s’éclaircit et le tunnel réapparut. A l’entrée se tenait la resplendissante silhouette de Pedro; il l’attendait. Tita n’hésita pas. Elle se laissa aspirer et tous deux se fondirent dans une longue étreinte. Atteignant un nouvel orgasme, ils partirent ensemble vers l’eden perdu. Ils ne seraient plus jamais séparés.

Mon avis :

Comment parler de cette lecture qui m’a profondément touché?

Se mêlent inventions culinaires, histoires d’amour, de chagrin et de famille, tout cela dans un style tendre et magique, c’est la raison pour laquelle ce livre fait partie des grandes œuvres de la littérature latino-américaine.

L’amour est omniprésent dans chacune des pages de ce roman, l’amour exalté, l’amour qui consume, l’amour qui fait mal car il s’agit d’une histoire d’amour impossible.

Mais Laura Esquivel ne se contente pas de parler d’une relation sentimentale elle y ajoute une part de fantastique, car consumé par ses désirs enfouis Tita se livre corps et âme dans sa cuisine.

C’est sa façon de s’exprimer car elle au travers des repas qu’elle prépare pour sa famille peu importe les circonstances que se soit pour célébrer un mariage ou des naissances ses frustrations, ses joies, ses peines se transforment en saveurs diverses.

D’ailleurs, chaque chapitre commence par une recette et représente un mois de l’année ce qui donne un total de douze recettes, c’est une construction brillante de la part de Laura Esquivel.

En outre, la sensualité est omniprésence l’éveil des sens est indéniable mais c’est surtout le désir palpable que ressentent Tita et Pedro l’un pour l’autre.

Voyage sensoriel et onirique c’est une lecture forte et dépaysante dans un décor exotique, assurément c’est un titre qui ne peut laisser de marbre de part la force de qui en découle.

Bien que la fin soit surprenante il faut garder à l’esprit que ce n’est pas une simple histoire d’amour c’est bien plus car il réside une part de réalisme magique malgré les drames présents dans le récit.

Assurément c’est un roman qui se dévore avec délice malgré le peu de pages, de part l’intensité des personnages et de leurs sentiments mais aussi de part les recettes succulentes que l’autrice nous partage .

Et vous l’avez-vous lu?

Ma note:

❤️❤️❤️❤️

4/5