Marie NDiaye
Edition Gallimard NRF
Marie NDiaye est une autrice française qui a écrit 21 romans et 11 pièces de théâtre. Elle a reçu le Prix Femina pour Rosie Carpe, en 2001, le Goncourt pour Trois femmes puissantes paru en 2009 et le Prix Marguerite Yourcenar pour l’ensemble de son oeuvre en 2020.
Maitre Susane est avocate à Bordeaux installée depuis peu , son métier est difficile et elle tente de faire face à la concurrence présente sur la place.
Bien que son travail soit prenant sa vie est enrichie par ses parents, son employée de maison sans papier Sharon qu’elle tente de régulariser et son ex-petit .
Un jour, Me Susane reçoit la visite d’un homme qui lui demande de défendre sa femme accusée d’infanticides.
Mais elle semble connaitre cet homme mais qui est-il? Elle à l’impression qu’il est celui qu’elle a connu lorsqu’elle n’était qu’une petite fille de dix ans…
« Chaque jour je pensais au moment où il rentrerait et j’avais peur. Je ne voulais pas qu’il se sente contrarié, énervé parce que les choses n’étaient pas bien en place. Il était gentil, oui jamais il n’avait une parole méchante. Mais je pouvais sentir sa déception, son mécontentement, quand je n’avais pas bien fait, on sent ces choses-là dans les couples. On ne dit rien mais on sent tout, on comprend tout.
Il apparaîtrait que Maryline, après que ses enfants étaient nés et qu’elle avait cessé de travailler (suivant la suggestion de Gilles, affirmait-elle) s’était enfermée dans l’idée que, n’exerçant plus son métier de professeure de français au collège, elle devait montrer à son mari, à sa mère (fâchée que sa fille cessa à travailler, renonça à être brillante et indépendante), et à ses sœurs qu’elle exerçait, comme mère de famille, un métier aussi louable, difficile, digne de respect que d’être professeure. »
« Mais qui était Principaux pour elle ? »
« Comment le savoir, comment se fier à cette intuition exaltante, blessante, inquiétante qu’il avait été l’adolescent dont elle s’était éprise à jamais, autrefois, dans une maison de Caudéran qu’elle aurait été incapable de reconnaître aujourd’hui ? »
« Ses rêves suggéraient qu’ils en savaient plus qu’elle, plus et mieux, et qu’à se soumettre à leurs injonctions de vengeance elle profiterait d’une justice bien supérieure à celle de la société avec ses doutes, ses atermoiements, à celle également de son moi éveillé qui, doutant, atermoyant, lui faisait oublier toute idée de châtiment envers celui qui s’était peut-être appelé Gilles Principaux. »
« Me Susane n’avait lu dans la presse que le déroulement probable des faits, la découverte de ceux-ci par la police, le compte-rendu des premiers mots de Marlyne. Tout le reste, elle l’inventait, le supposait »
Mon avis :
La vengeance m’appartient, est un livre assez troublant au sein duquel se manifestent de nombreuses incertitudes.
Je n’avais jamais rien lu de cet autrice et je n’aurai peut-être pas dû commencer avec ce titre.
En effet, bien que la quatrième de couverture m’ai plu je ne me suis pas attachée aux personnages.
D’abord, le personnage principal Me Susane, est une femme assez seule , elle a très peu d’amis, de même sa relation avec ses proches est très compliquée . Elle n’a pas confiance en elle et cela se ressent lors de la lecture alors même qu’elle possède son propre cabinet d’avocat. De même ,c’est une femme fragile mais aussi forte par moment , au caractère ambivalent.
En devenant avocate elle a tout fait pour échapper à sa condition sociale , à son milieu d’origine , mais est-ce la raison pour laquelle elle est déshumanisée ? Car elle n’a même pas de prénom.
Elle porte un amour fou à ses parents, mais cet amour est si douloureux que devant eux, elle ne peut se permettre de montrer quoi que ce soit : elle doit être l’avocate qui a réussi.
Ensuite, Sharon sa femme de ménage sans papier, que la protagoniste cherche à aider en lui permettant d’obtenir un titre de séjour . C’est une femme énigmatique, froide ce qui crée de nombreux moments de malaise entre les deux femmes.
Puis, Gilles Principaux, l’homme qui vient consulter l’avocate pour défendre sa femme accusée d’infanticides.
L’avocate semble le connaitre quand il fait irruption dans son bureau, elle devient obsédée par cette homme mais pourquoi?
Est-ce à cause de son invergure, de son milieu social, milieu auquel elle aurait aimé appartenir , elle qui provient d’un milieu modeste?
Car en effet, on apprend que sa mère était repasseuse chez les Principaux les parents de Gilles.
Peu à peu elle s’en souvient, à dix ans elle s’est retrouvée seule dans la chambre de Gilles de 4 ans son ainé ?
Une chose est sure cet évènement l’a transformé.
Le père de l’héroine , connaît la vérité et sait que quelque chose de grave s’est passé…Ainsi elle cherchera à se souvenir, mais tout n’est que brouillard…
L’accusée , Marlyne qui a nourri et lavé ses enfants avant de les tuer puis de les coucher dans son propre lit, comme s’ils dormaient
Ce roman à bien des égards m’a fait penser à la Place d’Annie Ernaux des similitudes connait la provenance , Maitre Suzane provient d’un milieu modeste et ses parents étaient commerçants , de meme son obsession pour son client n’est-elle pas dû à la fascination?
Bien que la plume de Marie NDiaye, soit fluide je n’ai pas véritablement apprécié ma lecture, l’autrice installe un climat assez sombre , les personnages sont tous mystérieux et le vrai mystère n’est jamais résolu.
J’ai refermé le livre avec un sentiment étrange, malaisant, certes les thèmes mis en relief par l’autrice (la condition sociale, les infanticides, l’enfermement de la femme, la mémoire absente , le souvenirs) sont bien exploités mais il m’a manqué quelque chose, car c’est un roman singulier.
Néanmoins, j’ai envie de découvrir la plume de l’autrice à travers d’autres romans.
Et vous l’avez-vous lu?
Ma note:
❤️❤️❤️,❤️
3, 5 /5