Azar Nafisi

Editions Zulma
Azar Nafisi est née à Téhéran et a longtemps enseigné la littérature anglophone aux États-Unis, où elle s’est s’exilée avec sa famille en 1997. Lire Lolita à Téhéran – bientôt adapté au cinéma – a remporté un succès phénoménal à travers le monde, est traduit vers plus de trente langues et lauréat de nombreux prix. Azar Nafisi est aussi l’autrice d’une fresque familiale bouleversante, Mémoires captives (Zulma, 2024), et d’une ode à la littérature, Lire dangereusement : le pouvoir subversif de la littérature en des temps troublés (Zulma, 2024).
Pour avoir refusé de porter le voile, Azar Nafisi doit quitter l’université de Téhéran, où elle enseignait la littérature. Elle décide alors de réunir sept de ses étudiantes pour des cours clandestins dans l’intimité de son salon, elles vont débattre ensemble de Lolita de Nabokov, Gatsby de Fitzgerald, Orgueil et Préjugés de Jane Austen.
Aussi, elles découvrent avec passion le pouvoir de la fiction et ses répercussions sur leur vie personnelle l’imagination comme arme de résistance et gage de liberté.
C’est ainsi qu’un certain jeudi du début septembre, nous nous sommes retrouvées ensemble dans mon salon pour la première séance. |
Mon avis :
Nous allions, pour emprunter les mots de Nabokov, expérimenter la façon dont les cailloux de la vie ordinaire se transforment en pierres précieuses par la magie de la fiction. |
Vingt ans après son succès phénoménal avec 1,5 million d’exemplaires vendus, réapparait le chef-d’œuvre d’Azar Nafisi, professeure de littérature anglaise au début de la révolution islamique.
Ce récit met l’accent sur les deux dernières années d’Azar Nafisi à Téhéran avant qu’elle ne décide de s’installer à Washington en 1997.
Ce qui est ingénieux dans ce récit c’est qu’il est un prétexte pour se pencher sur quatre oeuvres majeures, quatre livres interdits désormais sous la République islamique (Lolita, Gatsby le Magnifique, Washington Square et Orgueil et préjugés).
On partage le quotidien de ces femmes iranniennes au coeur d’une république qui les privent de leurs droits.
En effet, peu après la révolution islamique, les Iraniennes sont obligées de porter le voile, puis écartées de la sphère sociale, nous sommes dans les années 1980, le totalitarisme se met alors en place de façon arbitraire.
Le roman structuré en partie correspondant à une oeuvre majeure, chaque grand texte fait particulièrement écho à la violence et à la vie des personnages, la littérature devient alors le symbole de la liberté et de l’espoir.
On découvre alors les histoires de ces étudiantes dont certaines ont connu la prison, mais aussi les rêves qu’elles nourrissent et leurs désillusions.
Quel audace d’organiser ces réunions dans un simple salon, mais quel bonheur pour les participantes d’avoir un espace de liberté pour ces jeunes femmes controlées et surveillées par leur père, leur frère ou encore leur oncle.
Le salon de Azar Nafisi devient un espace de transgression où l’on dit ce que l’on pense, où l’on parle de textes étrangers désormais interdits où l’on s’habille comme l’on veut , au sein duquel les rires sont sans freins ni fards.
La littérature comme refuge pour s’échapper d’un quotidien morose, où la liberté n’est que lointaine.
Hélas vingt ans après, ce récit reste d’ actualité avec les milices, les dénonciations et la répression.
La mort de Mahsa Jîna Amini est le décès le 16 septembre 2022 à Téhéran étudiante iranienne d’origine kurde de 22 ans, trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs iranienne pour port de vêtements inappropriés a mis lumière la tragédie du régime totalitaire au monde entier.
C’est un roman vibrant, déchirant et déchirant malgré la dureté du récit j’ai apprécié cette lecture de part la plume fluide et fine de l’autrice. Ce livre est une ode à la littérature qui est synonyme de liberté et d’espoir.
L’adaptation cinématographique de ce roman va bientot sortir au cinéma j’ai hâte de m’y rendre afin de me plonger dans cette histoire percutante.
Et vous connaissiez-vous ce récit ?
Ma note :
4/5