Ernest J . Gaines
Editions Liana Levi (Picolo)
Ernest J. Gaines est né en 1933 dans une plantation de Louisiane. À neuf ans, il y ramasse des pommes de terre pour 50 cents par jour. «Enfant, comme les anciens n’étaient pas allés à l’école, je lisais et écrivais leurs lettres… D’une certaine manière, c’est là que tout est né, je continue à écrire leurs lettres», se souvient l’écrivain. À quinze ans, il quitte le Sud pour rejoindre la Californie. Durant ses études, il dévore les nouvelles de Maupassant, les classiques russes, mais regrette que «son monde» ne figure pas dans les livres. Il décide donc d’écrire pour le mettre en scène. Son premier roman, Catherine Carmier, paraît en 1964. Plusieurs recueils et romans suivront, notamment D’amour et de poussière (1967) et, en 1971, Autobiographie de Miss Jane Pittman, qui l’imposera aux États-Unis. Colère en Louisiane (1983) sera adapté au cinéma par le réalisateur Volker Schlöndorff. Ernest J. Gaines est considéré comme un des auteurs majeurs du «roman du Sud». Le grand prix de la critique américaine (National Book Critics Circle Award), décerné en 1994 à Dites-leur que je suis un homme, ainsi qu’une nomination pour le prix Nobel de littérature en 2004, récompensent l’ensemble d’une œuvre magistrale. Il est mort le 5 novembre 2019 dans sa maison d’Oscar, en Louisiane, à l’âge de 86 ans.
« De ma vie, je n’ai connu que deux femmes que j’ai eu la bonne fortune de considérer comme des dames. Amalia est la seconde. Mais il se trouve qu’elle est noire, Félix, et parce qu’elle est noire, elle n’entrera jamais par cette porte. Pas tant que je serais vivant. Parce que, vois-tu Félix, je n’ai pas écrit les règles. Je les ai trouvées en naissant, et je les laisserai en mourant. On les changera, bien sûr ; on les changera, et bientôt, j’espère. Mais ce ne sera pas moi qui les changerai ». |
Copper, le fils métis et illégitime du maître blanc, revient dans la plantation où il est né. Appelé à rendre visite à son oncle, il refuse de passer par la petite porte à l’arrière de la maison, comme l’impose pourtant la tradition ségrégationniste de Louisiane. Son refus est le point de départ d’un bras de fer lourd de sens.
Mon avis :
Ernest J. Gaines a été surnommé le Faulkner noir de part son écriture et son style.
C’est la première fois que je lis cet auteur et j’ai été séduite par sa plume incisive, franche et fluide.
En effet, l’auteur ne minimise pas ce qui se passe à cette époque, la ségrégation sévi encore.
Malgré les tentatives d’intimidation mise en oeuvre par son oncle, le jeune homme ne déroge pas à ses principes ce qui en fait un personnage fort et réfléchi car il connait l’histoire de sa naissance, sa mère une esclave a été violée par le propriétaire de la plantation.
Désormais, c’est son oncle mourant le propriétaire mais Cooper entend bien réclamer sa part de l’héritage et il le fera en passant par la grande porte et non par la petite, réservée aux esclaves.
L’auteur met en parallèle deux époques, celle de l’oncle de Cooper et de ses fidèles serviteurs noirs qui ne veulent pas s’émanciper des traditions ségrégationnistes et celle de Cooper qui tente de mettre en relief le fait que l’esclavage a été aboli et qu’une nouvelle ère s’ouvre.
J’ai apprécié cette lecture nécessaire et percutante, assurément je continuerai ma découverte de cet auteur, j’ai en ma possession Catherine Carmier et Dites-leur que je suis un homme que je ne vais pas tarder à lire.
Et vous connaissiez-vous cet auteur ?
Ma note :
❤️❤️❤️❤️
4/5