Balzac
Edition Folio Classique
La Femme de trente ans n’est pas un “roman balzacien” traditionnel. Balzac dresse le portrait de la femme mariée au début du XIXe siècle. Voilà ce qui explique la composition de l’ œuvre construite à partir de six nouvelles différentes réunies comme les différents chapitres d’un roman.
L’héroïne est malheureuse , c’est l’histoire d’un désenchantement, l’histoire d’une femme qui vit la vie qu’elle n’avait pas imaginé. Une vie où le plaissir n’existe pas , une vie où son mari la déçoit .
Julie de Chatillon épouse le colonel Victor d’Aiglemont , c’est un homme qui est décrit comme faible ou encore nul.
Elle se marie contre l’avis de son père et un an plus tard elle se rend compte de son erreur, ses rêves de petite fille ne se sont jamais réalisés.
Mais un jour elle fait la connaissance de Lord Grenville, elle s’attache à lui et s’éprend de lui , il devient son amant et Julie renaît , elle qui n’avait jamais connu le plaisir auprès de son époux.
Mais un drame arrive et le jeune amant meurt , chagrinée elle décide partir à la campagne avec sa fille Hélène mais l’instinct maternel lui manque , car cette enfant lui rappelle son mariage, ses désillusions , elle n’y est donc pas attachée.
« La grande, la vraie douleur serait donc un mal assez meurtrier pour étreindre à la fois le passé, le présent et l’avenir, ne laisser aucune partie de la vie dans son intégrité, dénaturer à jamais la pensée, s’inscrire inaltérablement sur les lèvres et sur le front, briser ou détendre les ressorts du plaisir, en mettant dans l’âme un principe de dégoût pour toute chose de ce monde. » A vingt-six ans, Julie n’espère plus en rien. Retranchée du monde, elle n’a pour compagne que sa conscience blessée et partagée : « Il y avait en elle une femme qui raisonnait et une femme qui sentait, une femme qui souffrait et une femme qui ne voulait plus souffrir. »
Elle va à la rencontre de l’abbé qui l’incite à se tourner vers la maternité, mais elle n’y arrive pas.
Mais peu à peu Julie reprend goût à la vie même si celle-ci a une saveur amère , elle rencontre alors Charles de Vandenesse , il devient son amant.
L’impression de vivre , de se sentir femme et aimée revient ce qui l’éloigne encore plus de sa fille Hélène qui voit en sa mère une femme qui ne l’aime pas et qui lui préfère son petit frère Charles ; il est probable que celui-ci soit le fruit de l’amour entre sa mère et son amant.
« Dès ce moment, ils entrèrent dans les cieux de l’amour. Le ciel et l’enfer sont deux grands poèmes qui formulent les deux seuls points sur lesquels tourne notre existence : la joie ou la douleur. »
Mais lors d’une promenade celle-ci , jalouse et aigrie , Hélène pousse à l’eau le jeune enfant, il meurt ainsi noyer.
Le fossé continuera de se creuser entre les deux femmes , jusqu’au jour où Hélène tombe amoureuse à son tour et ressent ce que sa mère a ressenti jadis, elle vivra une histoire d’amour avec un assassin , elle partira avec ce corsaire à bord de son navire, de leur union naitra des enfants.
Des années plus tard , la marquise d’Aiglemont, en voyage avec sa fille Moïna dans les Pyrénées, retrouve Hélène qui vient de faire naufrage et qui meurt après avoir reproché à sa mère son manque d’amour.
Désormais , Julie n’a qu’un enfant vivant Moina , elle se mariera avec le comte de Saint Héréen mais capricieuse , gâtée et égoiste , elle ne pense qu’à ses propres intérêts et néglige sa mère.
« La physionomie des femmes ne commence qu’à trente ans. Jusques à cet âge, le peintre ne trouve dans leurs visages que du rose et du blanc, des sourires et des expressions qui répètent une même pensée, pensée de jeunesse et d’amour, pensée uniforme et sans profondeur ; mais , dans la vieillesse, tout chez la femme a parlé, les passions se sont incrustées sur son visage : elle a été amante, épouse, mère ; les expressions les plus violentes de la joie et de la douleur ont fini par grimer, torturer ses traits, par s’y empreindre en mille rides, qui toutes ont un langage ; et une tête de femme devient alors sublime d’horreur, belle de mélancolie, ou magnifique de calme ; s’il est permis de poursuivre cette étrange métaphore, le lac desséché laisse voir alors les traces de tous les torrents qui l’ont produit : une tête de vieille femme n’appartient plus alors ni au monde qui, frivole, est effrayé d’en apercevoir la destruction de toutes les idées d’élégance auxquelles il est habitué, ni aux artistes vulgaires qui n’y découvrent rien ; maisaux vrais poètes, à ceux qui ont le sentiment d’un beau indépendant de toutes les conventions sur lesquelles reposent tant de préjugés en fait d’art et de beauté. »
Julie est seule et attristée de l’indifférence de sa fille et malheureusement le cycle de la vie se produit et à son tour Moïna prend un amant c’est le fils de Charles de Vandenesse l’ancien amant de sa mère, il s’agit de son demi-frère.
La marquise essaie de la mettre en garde , mais renvoyée par sa fille elle meurt de chagrin, sa fille alors se rend compte alors trop tard des mauvais traitements qu’elle a infligé à sa mère….
Elle se repent de sa mauvaise conduite quand elle voit le cadavre de sa mère.
Mon avis:
J’ai véritablement apprécié ma lecture, meme si je tiens à précisé que c’est un roman décousu. On peut s’interroger sur le fait que Balzac à chercher à rompre avec la forme habituelle du roman .
Nous sommes loin du roman « Balzacien » rien n’est lié, lisse ou planiifié a contrario La Femme de trente ans est donc comparable à un assemblage dans sa structure.
Mais au-delà de ce patchwork narratif, outre la beauté du style, ce sont les fines analyses psychologiques qui tiennent le lecteur en haleine.
On ne peut enlever à Balzac sa maitrise, il sait montrer l’apologie des sentiments , des émotions , de la passion. En effet, l’étude est minutieusement menée car il semble que l’auteur se soit inspiré de faits réels pour parfaire son roman.
En effet, sa plus jeune sœur, Laurence mourut à 23 ans dans la misère et le chagrin après un mariage en apparence brillant et honorable avec un certain M. de Montzaigle.
Julie, l’héroïne de cette histoire s’aperçoit qu’à trente ans , elle est malheureuse , elle s’est pas construite en tant que femme même la maternité ne l’épanouie pas car il lui rappelle se mariage ratée .
En effet, elle vit avec un homme indélicat, rustre, infidèle, joueur, homme médiocre et grossier, qui ne s’interesse pas à elle.
Mais chez Balzac, la sentence tombe un jour où l’autre et Julie va payer de ses erreurs , de ses relations extra-conjugales, de ses passions interdites et cachées aux yeux du monde et de la morale au prix de terribles souffrances et de peine…
Peut-on aujourd’hui encore s’identifier à cette femme de trente ans?
La réponse est posive , car bon nombre de femmes peine encore à se réaliser dans de nombreux pays, elles se marient par convenance ou par pire encore par obligation afin de ne pas être être « la vieille fille » de la famille ou pire encore par la force.
Force est de constater qu’ aujourd’hui encore le mariage est une prison , Balzac campe le portait d’une femme déçue par l’amour et déçue par la vie…
Mais qu’est-ce qui peut nous sauver de tout cela?
Ma note :
❤️❤️❤️❤️
4/5