Victor Hugo

Edition Folio Classique

En 1829, Victor Hugo publie Le Dernier Jour d’un condamné, c’est une oeuvre de jeunesse mais c’est surtout un roman engagé, un réquisitoire véhément contre la peine de mort qui interroge le lecteur sur l’humanité.

En l’espèce Hugo nous fait entrer dans la tête d’un condamné à mort qui attend son exécution, nous ne connaîtrons ni son nom, ni le crime qu’il a commis.

L’auteur ne cherche à démontrer l’horreur et l’absurdité de ces atrocités car plus d’une fois il a assisté à ces scènes , ces massacres effectués par le biais d’une lame tranchante de guillotine.


Comment cet acte si atroce peut-il garantir un spectacle?

C’est au lendemain d’une traversée de la place où le bourreau graissait la guillotine en prévision de l’exécution prévue le soir même que Victor Hugo se lance dans l’écriture du Dernier Jour d’un condamné qu’il achève très rapidement.

Mon avis :

J’ai été frappée par la modernité de ce récit car c’est un sujet qui créés énormément de débats en France, la peine de mort n’étant abolie qu’en 1981 en France.


Ici, c’est le roman de l’attente, l’attente percutante, l’attente qui attriste, l’attente de la mort.

Hugo était en avance sur son temps mais il savait que c’était un sujet sensible c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il ne publie pas ce texte en 1829 à son nom ça sera le cas que trois ans plus tard en 1832.

Les peines ont toujours été effroyables que ce soit sous l’Ancien Régime avec la pendaison, les agonies, le bûcher, les strangulations et bien d’autres, la Révolution quant à elle met en relief la guillotine qui se généralise.

En 1906, la commission du budget supprime les crédits pour le fonctionnement de la guillotine, puis en 1908, une proposition de loi visant l’abolition soutenue par Jaurès est rejetée. En 1939, Daladier supprime les exécutions publiques, mais après la guerre, le rythme des exécutions baisse significativement, jusqu’à la suppression en 1981. Il faut noter qu’en 1981, la France est l’avant dernier pays d’Europe de l’Ouest à supprimer la peine capitale.

Alors nul doute que ce roman ait été critiqué à sa sortie car dérangeant, en effet la majorité des français était hostile à l’abolition.

Malgré certaines longueurs ce texte est poignant, on y ressent la solitude, la détresse, l’isolement du prisonnier et ses souvenirs, ses réflexions qu’il décide de coucher dans un journal on y apprend qu’il a une petite fille dénommée Marie agée de 3 ans , que sa mère a une soixante d’années etcetera.

Aussi malgré la terreur et l’effroi du récit Hugo met néanmoins un soupçon de bonté où il n’y en a pas en disant par exemple que les bourreaux sont des hommes doux.

Le dernier jour d’un condamné n’est pas qu’un réquisitoire contre la peine de mort, c’est aussi un roman carcéral. C’est tout l’isolement, la détresse de la prison, qui sont dépeintes avec brio de même les pages sur le départ des forçats pour le bagne de Toulon, et le traitement qu’ils subissent au sein du bagne assimilable à de l’esclavage qui raisonne à la lecture de ce roman.

Le dernier jour d’un condamné nous aide à prendre conscience d’un fait essentiel, en définitive la peine de mort et le système carcéral sont deux sujets liés.

Aujourd’hui la peine de mort est abolie mais la situation carcérale est difficile car les conditions de vie des prisonniers sont déplorables, peu importe ce qu’un homme a commis comme crime, bien que certains nous semblent impardonnables la dignité humaine doit toujours être respectée.

En définitive j’ai apprécié cette lecture moralisatrice très moderne par sa forme qui oblige le lecteur à s’interroger sur l’inhumanité, car il est certain que les objectifs de ce récit étaient de montrer l’abomination de cet acte barbare et de dénoncer les moments qui précèdent l’exécution afin d’opérer une prise de conscience de la population.

Ma note :

4/5

❤️❤️❤️❤️