Gwendolyne Brooks

Edition Globe

Gwendolyn Brooks est née en 1917 et est morte en 2000, poète et enseignante, elle a été la première femme noire a recevoir le prix Pulitzer pour son oeuvre poétique en 1950.

Maud Martha est son seul roman car elle préférait la poésie, considéré comme son chef-d’oeuvre paru en 1953 il est inspiré de sa vie.
Cependant la postérité ne retiendra que ses homologues masculins, a l’instar de James Baldwin et Ralph Elison, elle n’a eu reconnaissance qu’elle méritait.

En 1976, elle est élue à l’Académie américaine des arts et des lettres, Maud Martha n’a été traduite en français pour la première fois que cette année .

Maud Martha c’est le récit d’une jeune femme afro-américaine qui est née en 1917 et qui vit à Chicago dans les années 40, d’ailleurs le récit se termine juste après la fin de la seconde guerre mondiale.

Le roman retrace en trente-quatre tableaux les différentes étapes de son existence, le texte n’est donc pas linéaire et retrace le parcours d’une fillette que l’on voit devenir femme, épouse puis mère.

Chaque histoire est délicate, nuancée et lumineuse, empreint de poésie les « flashbacks  » sont décrits de façons précis et délicats.
La poésie étant son domaine de prédilection, elle a su parfaitement trouver le ton et les mots pour décrire au mieux cette femme noire qui traverse les différents moments de son existence…

« Les sanglots, les frustrations, les petites rancunes, les animosités grandes et laides, les contraintes mesquines sous le couvert de l’amour, l’ennui, qui arrivaient jusqu’à elle en traversant ces murs, portés par les paroles, les cris et les soupirs-tout cela était gris. »

Mon avis :

Maud Martha met en scène le quotidien d’une femme afro-américaine, de façon délicate et réaiste l’autrice construit un récit centré sur un personnage qui en devient l’héroïne et l’on suit l’évolution .

Mais au-delà de son évolution de femme, c’est la découverte d’une mode de vie d’une femme racisée dans les années 40 aux Etats-Unis.
En effet, malgré les moments durs notamment face à la discrimination raciale, le décor est empreint de poésie, l’auteure malgré les épreuves ne cherche pas à victimiser Maud Martha.

Mais attention l’héroïne n’est pas naïve car elle observe et comprend les différences, elle sait que la couleur de sa peau rend les choses plus difficiles, par exemple sa soeur Helen plus claire qu’elle reçoit plus d’attention de la part des blancs mais aussi de la part des noirs.

La recherche d’un appartement décent où habiter, aller au théâtre, au cinéma, ou même se faire soigner est plus compliqué, mais force est de constater que Maud Martha s’accroche et va de l’avant.

Ce qui en fait une héroïne forte qui ne subit pas sa vie mais qui la vit.

Jeune mariée dans son appartement-kitchenette car minuscule, elle rêve de New York, mais elle se ressaisit et reste lucide sur sa condition de femme noire de la classe ouvrière, elle sait qu’il existe une ligne de démarcation entre les blancs et les noirs.

Mais nulle tristesse ou désespoir, l’amertume pour notre héroïne n’est pas tolérée car elle désire profiter de chaque instant de sa vie malgré les difficultés.

« Mais si l’amertume était dans la racine, pour quelle raison perdrait-elle son temps à s’en prendre à la feuille ? »

En définitive, ce récit est court mais il ne faut pas sous-estimer son potentiel car les chapitres sont percutants et résonnent dans nos esprits.

De même, l’écriture est magnifique empreint de gaité et de couleur car le noir n’est pas une couleur et le gris n’est pas de mise.

Comment une femme noire des années 40 peut vivre malgré le fait de se savoir discriminée, comment trouver et se faire une place alors que l’on est rejetée?

Aujourd’hui les femmes noires continuent leurs revendications bruyantes parfois ou encore silencieuses , gaies ou encore tristes.

Assurément des Maud Martha existent encore et vivent dans une société où pèse le racisme systémique.

La même année a été publié La Conversion ou Go Tell it on the Mountain en anglais de James Baldwin et est considéré comme l’un des grands romans américains du XXe siècle mais Maud Martha est aussi une grande œuvre littéraire traversée par les questions raciales au travers le portait extraordinaire d’une femme à la vie ordinaire.

Connaissiez-vous Gwendolyn Brooks auteure et poète du mouvement de la Harlem Renaissance prônant le renouveau de la culture afro-américaine?

Ma note :

4/4

❤️❤️❤️❤️